Filière batterie: «C’est sûr que ça représente un risque économique», reconnaît le PDG d’Investissement Québec
Il estime cependant qu'il s'agit d'un risque calculé qui enrichira les Québécois


Francis Halin
Le PDG d’Investissement Québec (IQ) reconnaît le «risque économique» de mettre plus de 2,7 G$ de fonds publics dans la filière batterie, mais assure avoir bel et bien «fait ses devoirs» pour connaître l’ensemble des risques, même s’il n’a pas demandé d’étude à ce sujet.
«C’est un maudit bon deal d’affaires. C’est sûr que ça représente un risque économique. La filière n’est pas construite encore», a expliqué en entrevue au Journal le PDG d’Investissement Québec (IQ), Guy LeBlanc.
Le numéro 1 du bras financier a fait cette déclaration en marge d’une allocution devant des gens d’affaires de la Mauricie et du Centre-du-Québec prévue mardi.
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Pas d’étude
Interrogé sur les divers risques liés à la filière batterie, Guy LeBlanc a voulu remettre les pendules à l’heure après que des experts ont accusé Québec de ne pas s’être assez penché sur la question.
«On n’a pas demandé d’étude. On n’a pas produit de document autre que nos discussions avec les parties compétentes et on a eu ces discussions-là avec des joueurs internationaux. On a eu ces discussions-là avec des firmes spécialisées. On a eu ces discussions-là avec des gens du centre de recherche d’Hydro-Québec, entre autres Karim Zaghib et les gens de Shawinigan», a-t-il expliqué.
«On a fait nos devoirs, autant d’un point de vue vérification diligente technologique, qu’économique, et sur l’ensemble des risques potentiels, la réputation des joueurs avec lesquels on parlait, et ainsi de suite», a-t-il ajouté.
Argent public
Alors que le gouvernement Legault vient de mettre près de 20% de fonds publics sur environ 15 G$ de projets de la filière batterie, le numéro 1 d’IQ avait un message à lancer aux contribuables: il faut cesser de parler de «subvention» et voir cela comme un investissement.
«Ce qui m’irrite, c’est que l’on parle toujours de subvention et d’aide, et ainsi de suite. C’est du financement et de la prise de participation à 95% que l’on a fait», a-t-il dit.
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«Je suis un peu tanné d’entendre parler de ces subventions. C’est 5% de 15 G$ de l’aide québécoise qui représente une forme de subvention. Point à la ligne», a-t-il martelé.
D’après Guy LeBlanc, la filière batterie sera comparable à Hydro-Québec en termes de revenus lorsqu’elle sera mature.
«On parle de 15 G$ à 20 G$ au bas mot. Ça sera 10 000 emplois au Québec, et des emplois bien rémunérés», prédit-il.
Pas de ralentissement
Alors que des géants comme Ford gèlent leurs investissements dans l’électrique, Guy LeBlanc soutient ne pas sentir les effets de ce ralentissement encore chez nous.
«Ford et GM continuent à pousser dans la même direction, à investir, et les travaux de construction avancent selon l’échéancier, ou même mieux. On ne parle pas de ralentissement ici», poursuit le grand patron d’IQ.
Au contraire, les travaux de construction de GM-POSCO, à Bécancour, sont en avance d’un mois au calendrier et ceux de Ford vont bon train, assure Guy LeBlanc.
Il rappelle que Northvolt a davantage de clients européens, où le mouvement n’est pas au ralenti.
«On n’a reçu aucun signal, jusqu’à maintenant, qu’il y avait un ralentissement ou un peu de nervosité», a-t-il conclu.
– Avec la collaboration de Sylvain Larocque
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