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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

«Je n’ai pas de regrets»: Doris Labonté, ancien entraîneur-chef de l’Océanic, met fin à ses traitements contre le cancer

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Photo portrait de Kevin Dubé

Kevin Dubé

2023-05-16T19:30:00Z
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Doris Labonté a tout donné. Après cinq ans de combat contre le cancer, il a pris la décision que c’en était assez et qu’il acceptait, sereinement, de mettre fin aux traitements. 

L’ancien entraîneur-chef de l’Océanic de Rimouski, qui a remporté la coupe Memorial en 2000, puis la coupe du Président avec Sidney Crosby dans ses rangs en 2005, avait une seule demande avant d’accepter de s’entretenir avec Le Journal sur cette décision difficile: pas de mélodrame, pas de récit à l’eau de rose. «Je souhaiterais que ce soit cool», nous a-t-il écrit. 

«Cool», pour lui, ça signifiait aussi de parler de sa passion, le hockey. Parce que malgré la fatalité, celui dont la bannière est hissée au sommet du Colisée Financière Sun Life a un moral de béton, et une passion toujours aussi vive pour son sport.

«Je n’ai pas de regrets. Je dors comme un bébé et je suis vraiment serein ces temps-ci. Je suis bien.» 

Depuis trois ans, il sait que le match est perdu d’avance. Le cancer a aussi touché les poumons et il n’existait aucun traitement pouvant le guérir complètement. 

«J’ai combattu pendant trois ans pour prolonger ma vie, mais, un moment donné, la maladie devient plus forte et elle te rend encore plus malade. À 69 ans, j’ai pris la décision d’arrêter de souffrir», explique-t-il. 

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«La maladie va gagner. Maintenant, le deal c’est: “regarde, t’es plus fort que moi mais je veux être bien moi aussi. Je vais aller faire ma vie et je ne serai pas esclave de tout ça. Je ne veux plus traîner ça tout le temps.”»

Les médecins lui ont proposé l’aide médicale à mourir, mais il préfère ne pas utiliser cette voie pour le moment. 

«Pour l’instant, je suis à la maison avec ma conjointe et je peux faire des activités. Je suis encore très autonome. Je prends mes pilules, mais je suis dans une belle phase. Les médecins m’ont dit d’en profiter. Ils m’ont dit: “tu veux fumer un bon cigare? Enweille! N’attends pas à demain.” »

«La réalisation de ma vie»

La nouvelle de l’arrêt de ses traitements, tout d’abord relayée par le journaliste Jean-Claude Leclerc lundi, a soulevé une importante vague de sympathie à l’endroit de l’homme de hockey.

Parce que c’est grâce à ce sport qu’il a marqué la région du Bas-Saint-Laurent. Et, on le sent en lui parlant, même s’il est retiré du monde du hockey depuis un bon moment, ce sport l’habite toujours autant.

Pendant l’heure lors de laquelle nous avons discuté mardi, une quinzaine de minutes ont été consacrées à sa maladie et les 45 autres, au hockey, à ses souvenirs, à sa vision du hockey d’aujourd’hui et à quelques savoureuses anecdotes de son époque avec l’Océanic.

Évidemment, la conquête de la coupe Memorial en 2000 demeure une partie importante de sa vie et de l’héritage qu’il a légué à sa région natale.

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«Quand j’étais jeune, je rêvais d’amener quelque chose de marquant dans la région. Quelque chose qui aiderait à faire connaître mon coin. Le hockey est devenu la manière et c’est la réalisation de ma vie. C’est peut-être ça qui m’a rendu malade mais, si c’était à refaire, je referais la même chose. Ça été un méchant beau trip. M. Tanguay te le dirait mais malheureusement, on l’a perdu avant.»

Maurice Tanguay, un mentor

M. Tanguay, c’est Maurice Tanguay, l’homme d’affaires à l’origine même de la naissance de l’Océanic et celui qui a aidé à en faire l’organisation de prestige qu’elle est aujourd’hui. Décédé en février 2021, il fut l’un des acteurs les plus marquants de la vie de Doris Labonté.

«C’était lui le boss et je l’ai toujours dit aux adjoints et aux joueurs. Il n’avait pas à nous rendre des comptes mais il le faisait. Il était là, en face de moi, et on n’était pas toujours d’accord mais on a fait beaucoup de bien, les deux ensemble. Avec lui, j’ai su c’était quoi faire de la business. Il m’a marqué terriblement et sans lui et son appui, on aurait été un petit club comme les autres.»

Un héritage indélébile

Peu importe ce qui l’attend dans les jours, les semaines ou les mois à venir, le cancer ne pourra jamais enlever à Doris Labonté l’impact qu’il a eu sur sa région.

«J’en suis fier et les gens ne me le rendent pas à peu près. Ces gens-là ont vu autre chose en moi, pas juste le coach de hockey. J’espère que les gens vont se rappeler d’un bon jack. Nos partisans, je les ai toujours pris au sérieux et je suis allé en mission pour eux. Les gens me disent qu’ils sentaient que je les représentais bien. Ça m’a toujours fait plaisir de le faire.»

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Vendredi soir, il sera au centre Vidéotron pour le match no.5 de la finale du trophée Gilles-Courteau entre les Remparts de Québec et les Mooseheads d’Halifax. C’est le propriétaire de l’Océanic et petit-fils de Maurice Tanguay, Alexandre, qui l’a invité.

Va-t-il être capable de se ranger derrière les Remparts?

«Si je suis capable? Ben voyons donc! Je vais être un partisan des Remparts vendredi! », lance-t-il en riant.

Océanic : «Il est temps de se mettre à l'ouvrage!»

Doris Labonté a vu sa bannière être hissée au plafond du Colisée Financière Sun Life, en avril 2022.
Doris Labonté a vu sa bannière être hissée au plafond du Colisée Financière Sun Life, en avril 2022.

 Doris Labonté ne travaille peut-être plus pour l’Océanic depuis 2007, cette organisation lui tient toujours autant à cœur. En raison des traitements subis depuis cinq ans, il n’a peut-être pas été en mesure de suivre les activités de l’équipe comme il aurait souhaité, mais il s’est assuré d’avoir l’œil sur la progression de celle qu’on surnomme «l’équipe de toute une région».

«Je fais mon petit gérant d’estrade, lance-t-il en riant. Maintenant, il va falloir trouver les bons personnages s’ils veulent paqueter pour 2025. Il est temps de se mettre à l’ouvrage», ajoute-t-il, en faisant référence aux aspirations de l’Océanic de présenter le tournoi de la coupe Memorial en 2025. 

En accord avec Patrick Roy

DIDIER DEBUSSCHERE/JOURNAL DE QUEBEC
DIDIER DEBUSSCHERE/JOURNAL DE QUEBEC

 

La sortie de Patrick Roy, samedi dernier, qui mentionnait que la LHJMQ était «dinosaure» en raison du fait qu’elle s’obstinait à présenter deux matchs en deux soirs en finale, a plu à Doris Labonté.

«Je suis entièrement d’accord avec lui. La ligue, avant, ça marchait tout croche. Les clubs devaient s’asseoir ensemble pour décider du calendrier. J’avais alors proposé à la ligue qu’on ait un calendrier fixe pour qu’il n’y ait pas de chicane. Je proposais qu’on espace chaque match d’une journée, mais les propriétaires n’ont jamais voulu parce que c’était des dépenses de trop. Rendues en finale, les équipes ne peuvent pas payer une nuit d’hôtel de plus? Voyons donc. Il a raison, Patrick. La ligue avait du temps pour espacer chaque match.»

Rivalité avec Richard Martel: «ce n'était pas truqué»

Richard Martel
Richard Martel AgenceQMI

 

Entraîneur intense, Doris Labonté a eu quelques prises de bec mémorables avec des confrères, dont certaines avec un autre volubile homme de hockey, Richard Martel. Labonté assure d’ailleurs qu’il n’y avait rien d’arrangé dans ces joutes verbales.

«Ce n’était pas truqué. Je devais défendre mes joueurs. Je m’étais aussi pogné avec Benoit Groulx à un moment donné et il était venu me voir au repêchage pour me dire qu’il comprenait ce que je faisais. Si on touchait à Sidney Crosby, la boucane montait. C’était juste ça!», se remémore-t-il en riant.

D’ailleurs, Martel a demandé à parler à Labonté après l’annonce qu’il mettait un terme à ses traitements.

«J’ai dit: “qu’il m’appelle, on va se jaser!”»

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