Fifi D’Orsay: une jeune femme de la rue Saint-André devenue sex-symbol à Hollywood


Luc Laliberté
Dans sa section nécrologie du 4 décembre 1983, le New York Times souligne le décès de Fifi D’Orsay, celle qu’on surnommait la French bombshell dans les années 1930. D’Orsay était un nom de scène de l’actrice et cette «Française incendiaire» n’avait jamais mis les pieds en France.
Déjà dans les 1920, 1930 et 1940, Hollywood faisait rêver. Ce fut le cas pour une jeune Canadienne française de Montréal.
Née en avril 1904, à Montréal, fille d’un employé de la poste et membre d’une fratrie de 12 enfants, Marie-Rose Angelina Yvonne Lussier a fait ses études à l’Académie du Sacré-Cœur avant de travailler comme secrétaire.
Si elle rêve de la gloire américaine depuis l’enfance, c’est au hasard qu’elle doit une rencontre déterminante pour la suite des choses. Sa route croise celle de Helen Morgan, chanteuse de charme à Chicago et actrice qui a interprété des rôles sur Broadway et à Hollywood.
Inspirée par sa rencontre, guidée par les conseils de Morgan et plus déterminée que jamais à réaliser ses ambitions, Lussier part pour New York et se lance à l’assaut du monde du spectacle.
Elle n’a que 19 ans lorsqu’on l’invite à auditionner pour un spectacle des Greenwich Village Follies.
On raconte qu’elle aurait interprété la chanson Yes! We have no bananas en français et avec un fort accent. Évoquant une présumée expérience aux Folies Bergère, elle obtient son premier rôle et le surnom de Mademoiselle Fifi.

Une ascension fulgurante
Entre son arrivée à New York en 1923 et le tournant des années 1930, Lussier collabore avec deux noms connus de la colonie artistique: d’abord avec Edward Gallagher (du célèbre duo de vaudeville Gallagher and Shean), puis avec l’acteur Herman Berrans.

Berrans collaborait à l’époque avec le scénariste Herman Timberg, lui-même lié à de grands noms comme les frères Marx, Fred et Adele Astaire ou Milton Berle. Adoptant alors le nom de famille D’Orsay, du nom de son parfum parisien préféré, Lussier effectuera rapidement la transition vers Hollywood.
Toujours aussi déterminée et énergique, Lussier mettra à profit son image de Française incendiaire pour tourner sans cesse. On répertorie quelque 17 films entre 1929 et 1937.
Des films comme The Life of Jimmy Dolan, Going Hollywood ou Wonder Bar lui permettront de croiser la route de grosses pointures comme Douglas Fairbanks Jr, Bing Crosby, Dolores Del Rio ou Al Jolson.
Après des années plus difficiles et quelques films de série B entre 1937 et 1947, D’Orsay saura se réinventer, s’imposant cette fois à la télévision avant de revenir sur scène à Broadway.
Celle qui aurait popularisé l’expression «Ooh la la!» demeure active jusque dans les années 1970, particulièrement en 1971 et 1972 sur Broadway dans la comédie musicale Follies.
Sa vie personnelle fut marquée par deux mariages et des rumeurs persistantes d’une relation amoureuse avec nulle autre que Greta Garbo.