Fiers d’être des Mohawks!


Benoît Rioux
Quand Marc-Antoine Dequoy a sondé les jeunes portant un maillot rouge pour le choix d’un nom d’équipe, un enfant a spontanément suggéré : « les Mohawks ». La réponse de l’enfant, approuvée à l’unanimité par ses coéquipiers, pouvait difficilement mieux traduire la fierté face à ses racines.
Pour la première fois dans l’histoire récente des Alouettes, l’équipe de football de Montréal s’est pointée à Kahnawake, mercredi soir, où elle a offert un atelier pour les jeunes.
« C’est un pas dans la bonne direction dans un esprit de réconciliation, a commenté Harry Angus Rice, chef du Conseil mohawk de Kahnawake, qui était au cœur de l’activité en compagnie du président des Alouettes, Mark Weightman. Les Alouettes ont d’abord fait ce premier contact auprès des Mohawks de Kahnawake et qu’ils se déplacent ici physiquement, c’est un bonus. »
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« Je ne suis pas un joueur de football, mais je suis un grand partisan de sports et, de les avoir ici, c’est un engagement formidable de leur part », a ajouté le chef, en observant tous ces enfants de la communauté courir sur le terrain du complexe sportif de Kahnawake aux côtés de Dequoy, Frédéric Chagnon, Austin Mack et Kaion Julien-Grant.
« C’est un super bel événement, a affirmé Dequoy. Je ne suis pas ici pour instruire ou commenter ce qui est arrivé dans le passé, mais c’est important d’être une figure du football québécois pour toute la population du Québec. »
« Comme athlète, je ne sais pas si on a nécessairement le pouvoir de faire des gros changements sur des situations présentes dans la société, mais on a le pouvoir d’avoir un impact sur des individus en particulier, a ajouté le maraudeur de 29 ans. C’est possible pour nous de motiver des jeunes. En partageant notre passion ou notre parcours, ça peut amener du bien. »
En orange et blanc
Le passage des Alouettes à Kahnawake s’inscrivait dans l’initiative de la Ligue canadienne de football, dont les équipes porteront des chandails d’échauffement orange et blanc pour les matchs prévus samedi. Ce sera le cas du club montréalais et du Rouge et Noir lors d’un duel prévu à Ottawa.
L’objectif avoué : « sensibiliser la population aux tragédies du système des pensionnats et montrer un soutien aux survivants et à leurs familles ».
Mark Weightman est allé plus loin en mentionnant un désir profond d’inclusion et de lutte contre toute forme de discrimination.
« On veut prendre action de manière plus concrète », a-t-il promis, échangeant d’ailleurs pendant de longues minutes avec M. Rice durant l’activité de mercredi.

« Avec l’initiative de porter le jersey orange cette semaine, ça permet d’en apprendre davantage, a pour sa part noté Mack, qui s’amusait bien avec les jeunes. Je suis excité d’apprendre à connaître et comprendre la culture. »
Commanders ou Redskins ?
Se rapprocher, se réconcilier et s’intéresser à l’autre, tout simplement. Dans un débat connexe dans le monde du football, le représentant du Journal était curieux de savoir ce que les gens de Kahnawake pensent de l’éternelle controverse entourant les Redskins et les Commanders, à Washington. Plus tôt cette semaine, c’est une poursuite déposée devant la justice du Dakota du Nord par le groupe The Native American Guardians Association qui a alimenté les discussions. On a parlé du changement de nom comme d’un déshonneur aux nombreuses années de tradition et d’héritage des peuples autochtones.
Le chef Harry Angus Rice a poliment préféré ne pas commenter ce dossier. Différentes conversations avec des parents des participants à l’activité, qui ont tous préféré garder l’anonymat, ont rapidement permis de constater que très peu d’entre eux étaient réellement offusqués par l’utilisation du mot « Redskins » ou par le changement pour le nom de « Commanders ».
« Honnêtement, dans tous les débats, il y aura des gens contents et d’autres mécontents. À l’intérieur même des peuples des Premières Nations ou à l’intérieur d’une famille, par exemple, certains penseront d’une façon et d’autres pencheront vers l’inverse, a noté Dequoy. Personnellement, je demeure sensible au fait que certaines personnes soient affectées, mais dans la vie, tu n’es pas non plus obligé d’avoir une opinion sur tout. »
Chose certaine, les Rouges, eux, étaient fiers de se nommer les Mohawks, mercredi soir, au complexe sportif de Kahnawake.