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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Fiasco SAAQclic: des vérificateurs ont sonné l’alarme après que le taux horaire de consultants fut passé de 82$ à 350$ sans justification

Les vérificateurs internes avaient alerté la direction et le conseil d’administration

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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2025-05-22T15:37:08Z
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Préoccupés par une surfacturation et des taux horaires grimpant sans justification de 82$ à 350$ pour des consultants en informatique, les vérificateurs internes de la SAAQ ont alerté la haute direction dès 2018.

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Selon l’ex-vérificateur de la société d’État Martin Després, c’est le vice-président de la SAAQ, Karl Malenfant, qui aurait autorisé l’Alliance LGS à modifier les taux horaires des consultants technologiques affectés au projet CASA/SAAQclic.

Il a livré ce témoignage hier devant la commission Gallant, chargée de faire la lumière sur le fiasco du projet.

Dès 2018, les vérificateurs internes ont tiré la sonnette d’alarme: certains consultants étaient désormais payés 350$ l’heure, après qu’ils eurent obtenu sans justification solide le profil «expertise de pointe».

Ce profil, censé être utilisé avec parcimonie, a été largement surutilisé.

Résultat: deux ans après la signature du contrat, 31 000 heures avaient déjà été facturées à la SAAQ pour ce type d’experts.

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Pourtant, le contrat initial prévoyait à peine plus de 10 000 heures pour ce profil sur les cinq premières années.

Des explications jugées «faibles»

Martin Després a expliqué que les vérificateurs ont attendu plusieurs semaines avant d’obtenir des justifications.

En 2019, ils ont dû relancer l’organisation pour comprendre ce qui se passait avec les taux horaires.

Le conseil d’administration a également été informé des préoccupations.

La direction a fini par justifier la hausse en affirmant que le contrat le permettait.

Le vérificateur soutient pour sa part que «le contrat ne permettait pas de faire ce changement de taux».

La direction de la SAAQ, elle, maintient une autre version. Elle affirme qu’il s’agit d’un contrat plafonné à 458 millions $, ce qui permettrait à l’Alliance de dépenser davantage en début de projet.

Elle ajoute que le contrat contient une clause de partage de risque, obligeant l’Alliance à livrer le projet même si l’enveloppe budgétaire est épuisée.

«Je suis resté sur mon appétit», a indiqué M. Després.

Enveloppe vide... et dépassements

D’ailleurs, la réalité a été tout autre. La semaine dernière, la commission Gallant a révélé qu’en 2020, la SAAQ a dû renégocier avec l’Alliance, car elle avait gravement sous-estimé ses besoins en main-d’œuvre.

Il manquait 800 000 heures pour compléter le projet SAAQclic et l’Alliance exigeait d’être payée pour poursuivre.

Avant même les élections de 2022, le gouvernement Legault avait été informé que l’enveloppe budgétaire du projet était déjà épuisée.

Les fonds prévus pour la période 2017-2027 avaient été consommés en moins de cinq ans. Résultat: 222 millions $ supplémentaires ont dû être injectés.

En février dernier, le Vérificateur général du Québec a révélé que le projet coûterait au moins 500 millions $ de plus que prévu, portant la facture totale à 1,1 milliard $.

Le vérificateur Martin Després a quitté la SAAQ en 2023, après le lancement catastrophique de SAAQclic. Il était fatigué de nager «à contre-courant» au sein de cette organisation.

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