Fiasco SAAQclic: le PDG Éric Ducharme remercié

Un deuxième PDG n’a pas survécu à la pénible transformation numérique de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). En perte de confiance, le gouvernement Legault a décidé de remercier Éric Ducharme et de le remplacer par Annie Lafond, a appris notre Bureau parlementaire.

Le gouvernement Legault n’attendra finalement pas le rapport de la commission Gallant sur le fiasco SAAQclic pour procéder à ce changement de direction.

Dans la foulée des travaux de cette commission, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, avait perdu confiance en Éric Ducharme. Ce dernier avait pourtant été nommé en avril 2023 pour remettre de l’ordre à la SAAQ, à la suite du déploiement catastrophique de la plateforme numérique.

Il sera remplacé de façon intérimaire par Annie Lafond, vice-présidente aux services aux assurés. Avant de se joindre à la SAAQ il y a quelques mois, M^me Lafond occupait depuis cinq ans le poste de vice-présidente à la transformation numérique et à l’expérience client chez Beneva.

Selon nos informations, il s’agit du choix de la ministre Guilbault, sur la recommandation du conseil d’administration de la SAAQ. Elle aurait été séduite par le profil de M^me Lafond, axé sur le service à la clientèle et sa connaissance du numérique dans le secteur privé. Le Conseil des ministres doit entériner sa nomination intérimaire aujourd’hui.

Perte de confiance

Le gouvernement Legault avait atteint ses limites avec Éric Ducharme, en raison d’un ensemble de facteurs. Il aurait échoué à régler la crise et à redorer l’image de la SAAQ en améliorant le service à la clientèle.

De plus, la ministre Guilbault a été fortement irritée lorsque l’Autorité des marchés publics a ordonné la suspension de contrats liés au projet SAAQclic, en avril dernier, sous la gouverne de M. Ducharme. L’ouverture d’une enquête de l’UPAC et les perquisitions récentes au siège social ont également pesé lourd dans la balance.

Il faut aussi mentionner les révélations-chocs entendues le mois dernier lors de la commission Gallant. Des vérificateurs ont affirmé sous serment que le PDG et sa direction «mettaient plus d’efforts à se défendre qu’à corriger les anomalies» du fiasco.

Problèmes financiers

Depuis sa nomination, la vice-présidence aux finances navigue à l’aveugle, incapable d’identifier précisément l’origine des fonds versés par les clients de la SAAQ, un problème attribuable à SAAQclic.

L’organisation se dirige vers un gouffre financier: le déficit explose et pourrait atteindre un milliard de dollars. La SAAQ a aussi pratiquement atteint sa capacité maximale d’emprunt.

Les vérificateurs du rapport annuel n’ont pas été en mesure de confirmer l’exactitude des états financiers depuis 2023, en raison d’un environnement informatique jugé non fiable.

Toujours selon nos informations, la ministre Guilbault souhaitait le départ de M. Ducharme depuis un certain temps déjà. Tout comme le premier ministre, elle refusait de dire publiquement si elle avait toujours confiance en celui qu’elle avait nommé pour faire le ménage.

Dans les médias, la ministre a qualifié les révélations de la commission Gallant de «scandaleuses». 

SAAQclic devrait coûter au moins 1,1 milliard de dollars aux contribuables, soit plus du double du budget initial, selon le Vérificateur général du Québec.

Denis Marsolais était le PDG en poste lors du déploiement raté de SAAQclic. Il a été remercié, puis nommé président de l’Office de la protection du consommateur par le gouvernement de la CAQ en février 2024.