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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Fiasco SAAQclic: le ministre François Bonnardel «inquiet» et «très préoccupé» dès 2021

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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2025-05-16T15:09:54Z
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Même s’il disait avoir été «trompé», le ministre François Bonnardel savait que les finances du projet SAAQclic avaient du plomb dans l’aile depuis 2021. Le ministre des Transports de l’époque a été informé, avant les élections de 2022, que la SAAQ devait réinjecter 222M$ pour compléter le projet.

Le témoignage de l’ancien président du CA de la SAAQ Konrad Sioui était très attendu vendredi à la commission Gallant, qui doit faire la lumière sur le fiasco SAAQclic.

Le 28 septembre 2021, le ministre François Bonnardel a réclamé une rencontre au sommet afin d’obtenir le portrait juste du projet SAAQclic. Présent à cette rencontre, Konrad Sioui se souvient d’un ministre inquiet en raison des finances de SAAQclic. Des montants inscrits au budget l’inquiétaient. M. Bonnardel était «très préoccupé», a-t-il affirmé.

Le responsable du projet, Karl Malenfant, aurait tenté de rassurer tout le monde.

Des membres du cabinet du ministre du Numérique, Éric Caire, étaient également présents à cette rencontre, dont le directeur principal de l’information du gouvernement du Québec Pierre E. Rodrigue.

Dans un rapport déposé en février dernier, le Vérificateur général du Québec (VGQ) rapporte que le budget total de 638 millions $ sur 10 ans pour le projet de la transformation numérique de la SAAQ a explosé. Les coûts atteindront «minimalement» 1,1 milliard $.

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Depuis, Éric Caire, François Bonnardel et Geneviève Guilbault soutiennent qu’ils ont été «trompés». «On nous a menti», avait déclaré le ministre Bonnardel, ajoutant que la SAAQ ne lui avait pas présenté de dépassement de coûts de cette ampleur. «Il n’y en avait pas! Je me protège comment contre le mensonge?»

Ajout de 222M$

Or, le 7 juin 2022, la haute direction de la SAAQ a présenté au conseil d’administration un plan de survie du projet CASA/SAAQclic. Après un litige avec l’Alliance, formée des entreprises LGS et SAP, qui ont gagné le contrat pour réaliser le projet, la SAAQ devait verser 222M$ supplémentaires pour compléter celui-ci.

Konrad Sioui signale que le CA a refusé cette première demande en raison d’une «perte de confiance» envers les firmes qui exécutaient le projet.

Le contrat signé avec les firmes en 2017 de 458M$ devait passer à 682M$. Le président du conseil d’administration assure que le ministre et son cabinet ont été informés de cette nouvelle somme.

À l’époque, M. Bonnardel est «plus inquiet» que le CA en raison des dépassements de coûts, a signalé M. Sioui. «C’est sûr que les informations se sont transmises.»

Il soutient avoir eu des discussions avec des membres de son cabinet à ce sujet, mais il ne se souvient plus quand.

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Pas une raison «politique»

Selon le VGQ, la SAAQ a finalement morcelé les 222 millions $ en contrats supplémentaires pour éviter que l’information ne soit remarquée par le public.

La haute direction de la SAAQ avait signalé «un risque médiatique et politique élevé», à l’aube de la campagne électorale de 2022.

L’ex-président de la SAAQ Konrad Sioui soutient de son côté que les montants ont été fractionnés afin que le conseil puisse surveiller les dépenses. Il assure que la décision de morceler le contrat n’a aucun lien politique.

Denis Marsolais, un choix politique

Le choix de placer Denis Marsolais à la tête de la SAAQ à quelques mois du déploiement catastrophique de SAAQclic malgré son inexpérience en informatique était «politique», a affirmé l’ex-président du CA Konard Sioui.

Lorsque Denis Marsolais a été nommé, en janvier 2022, il ne s’agissait pas du choix du conseil d’administration de la SAAQ, mais de celui du gouvernement Legault et du ministre François Bonnardel.

«Le politique a décidé de nommer leur homme», a-t-il déclaré. M. Sioui a critiqué le fait que le mandarin de l’État et homme de confiance du gouvernement était néophyte en matière d’informatique.

Démissionner en bloc

Durant tout son témoignage, Konrad Sioui a tenté de minimiser le rôle du CA dans le fiasco SAAQclic.

«On n’est pas dans les opérations, on n’est pas dans la mise en œuvre», a-t-il martelé à de nombreuses reprises. Lors de la préparation pour déployer le projet, il a dit que le conseil d’administration était «passif», qu’il n’avait pas «les commandes». Déçu des critiques publiques qui ont déferlé sur le CA à la suite du lancement, M. Sioui a même proposé aux membres de démissionner en bloc.

Ils ont finalement écrit une lettre au premier ministre François Legault pour lui rappeler le rôle du CA dans cette affaire. M. Sioui indique que l’organisation n’a pas reçu beaucoup d’appui du gouvernement.

«On a été traîné en dessous de l’autobus et c’était blessant», a-t-il dit.

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