Fiasco SAAQclic: le dépôt du rapport repoussé, les ministres devraient témoigner à la fin de l’été
Le dépôt du rapport de la commission d’enquête sur le fiasco SAAQclic est repoussé à décembre


Geneviève Lajoie
Le dépôt du rapport de la commission Gallant, chargée de faire la lumière sur le fiasco SAAQclic, est repoussé au mois de décembre. Les ministres du gouvernement Legault devraient témoigner à la fin de l’été.
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Québec accorde plus de temps à la commission d’enquête publique, qui voit son mandat prolongé jusqu’au 15 décembre pour livrer ses conclusions et ses recommandations.
C’est le ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette qui en a fait l’annonce jeudi par communiqué de presse, alors que se poursuivent les audiences dirigées par Me Denis Gallant.
À l’origine, le rapport devait être remis le 30 septembre. Mais plusieurs témoins importants n’ont pas encore été entendus, qu’on pense aux ministres du cabinet Legault ou aux anciens patrons de la société d’État.
Sans parler du grand responsable du projet SAAQclic, Karl Malenfant, qui n’est pas encore venu s’expliquer.
Certains d’entre eux n’auront visiblement pas le temps d’être entendus avant la pause estivale.
D’ailleurs, tout indique que les élus caquistes témoigneront à la fin août ou au début du mois de septembre, avant que les travaux parlementaires ne reprennent à l’Assemblée nationale.
Des coûts cachés par la SAAQ
L’ex-vice-président aux finances de la SAAQ, Yves Frenette, en était jeudi à sa troisième journée comme témoin de la commission.
Il a admis du bout des lèvres que les sommes présentées au gouvernement par la SAAQ n’étaient en fait qu’un portrait partiel de la transformation numérique, de sorte que la facture paraissait moins élevée.
Alors que le chiffre avancé en 2022 était de 682M$, il ne s’agissait en fait que du coût de réalisation du projet. La «récurrence n’est pas là», a reconnu M. Frenette.
Pourtant, deux ans plus tôt, le budget total du projet dépassait déjà les 900M$, ce qui était connu à l’interne.
«Monde de licornes»
Selon l’ancien v.-p. aux finances, on ne peut se fier à une clause de partage des risques financiers entre la société d’État et les firmes privées, comme l’ont fait les chefs d’orchestre de SAAQclic, pour éviter une explosion des coûts du projet.
Il était ainsi difficile de croire que le plafond du contrat, fixé à 458M$, était coulé dans le béton et que l’Alliance SAP-LGS travaillerait gratuitement bien longtemps au-delà de ce montant, a-t-il convenu.
«Tu peux travailler pour rien pour une certaine quantité d’heures [mais] quand ça devient trop gros, ça devient impossible», a dit Frenette.
Rappelons que les dépenses pour le projet SAAQclic ont finalement dépassé 1,1G$.
«C’était de vivre dans un monde de licornes», a imagé le commissaire Gallant.
Le «bouton rouge» n’a pas fonctionné
Dès 2018, des vérificateurs internes de la société d’État ont pointé du doigt la hausse fulgurante du taux horaire des ressources provenant du privé, qui est passé de 82$ l’heure à 350$ l’heure.
La facture pour la SAAQ n’est pas négligeable: plus de 14 millions $ supplémentaires par an.
L’ex-vice-président aux finances a reconnu que la sonnette d’alarme n’a pas été suffisamment tirée. «Le bouton rouge ne semble pas avoir fonctionné», a-t-il soutenu.
À l’époque, il fait confiance à la direction générale du contrôle pour jouer aux «pompiers».
Yves Frénette admet ainsi une part de responsabilité: il n’a pas demandé à réviser le dossier au complet.
«C’est le réflexe qu’on a dans l’organisation d’aller vers eux», a-t-il insisté.
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