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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Fiasco SAAQclic: Karl Malenfant mettait de la pression pour contourner les règles et la SAAQ s’essuyait les pieds sur la loi

Les généreux contrats du projet SAAQclic attribués à des proches du vice-président ont toujours dérangé une ex-directrice de la SAAQ

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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2025-06-05T21:32:24Z
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Les généreux contrats du projet SAAQclic attribués à des proches du vice-président Karl Malenfant ont toujours dérangé une ex-directrice de la SAAQ parce qu’ils ne respectaient pas les règles. «La loi, on s’essuie les pieds dessus», a lancé Sylvie Chabot, affirmant avoir subi de la pression pour les signer.

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Elle a livré un témoignage franc et coloré jeudi après-midi devant la commission Gallant, chargée de faire la lumière sur le fiasco SAAQclic.

Elle a déploré que les gestionnaires s’essuient les pieds sur les lois contractuelles pour aller plus vite et pour respecter les échéanciers.

Sylvie Chabot, l’ex-directrice de la gestion et de la conformité contractuelle à la SAAQ
Sylvie Chabot, l’ex-directrice de la gestion et de la conformité contractuelle à la SAAQ Capture d'écran Commission d’enquête sur la gestion de la modernisation des systèmes informatiques de la Société d’assurance automobile du Québec

Dès 2015, les vérificateurs internes de la SAAQ avaient exprimé leurs préoccupations concernant les liens avec Karl Malenfant, alors patron de l’informatique. Certains consultants avaient obtenu, par son entremise, de généreux contrats.

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L’ex-directrice de la gestion des contrats et son équipe ont reçu de la pression de la part de Karl Malenfant pour octroyer des contrats.

«Franchement, c’était de la pression. Ça n’a pas de bon sens», a-t-elle dit.

La haute direction soutenait que ces contrats respectaient les règles. Pourtant, de nombreuses «demandes de dérogation» ont été accordées pour permettre l’octroi de contrats à des ressources externes chargées de préparer l’appel d’offres du projet CASA/SAAQclic.

«La fin justifie les moyens?» a demandé le procureur Alexandre Thériault-Marois. «C’est un peu ça», a répondu Mme Chabot.

Ainsi, Karl Malenfant a pu placer les consultants de son choix. C’est lui qui définissait les critères des appels d’offres.

Mme Chabot a tout de même signé ces demandes. Dans plusieurs cas, le seuil pour accorder un contrat de gré à gré était dépassé ou un seul soumissionnaire était qualifié.

«Ce que Karl veut, Karl l’a», a-t-elle déclaré sous serment, ajoutant que pour les sept ressources qui connaissaient Karl Malenfant, ça l’a «toujours dérangée».

Selon elle, l’ambiance à la SAAQ était intense.

«Mission impossible»

La commission Gallant recevait d’ailleurs en matinée l’une de ces consultantes: Louise Savoie. Entre 2015 et 2021, elle a reçu 1,5 million $ pour ses services, soit environ 250 000$ par an, à titre de «conseillère stratégique externe».

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Durant son témoignage, elle a expliqué la complexité de mettre en place un progiciel de gestion intégré (PGI) avec autant de spécificités que celui de la SAAQ.

En décembre 2014, elle a supervisé l’estimation des coûts pour l’achat d’un PGI, évalués entre 277 millions $ et 480 millions $. Pourtant, en avril 2015, la SAAQ a convaincu le gouvernement de lancer un appel d’offres pour un projet censé coûter 200 millions $ sur 10 ans.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

«Vous êtes d’accord avec moi: à 200 millions, c’est mission impossible», a lancé le commissaire Denis Gallant.

Mme Savoie a peu collaboré, affirmant ne pas avoir «assez de connaissances» pour commenter. «Je n’étais pas en mesure de juger.»

Engagée par LGS

En 2021, à la fin de son mandat, Louise Savoie a été engagée comme consultante par LGS, l’intégrateur du projet SAAQclic. Elle a continué à faire le même travail à la SAAQ, mais pour l’Alliance, malgré une clause contractuelle l’interdisant.

«C’est comme si je passais entre les craques», a-t-elle admis. Elle a conservé le même ordinateur et la même carte d’accès. «Je reconnais que j’avais ma part de responsabilité.»

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