Fiasco SAAQclic: ce mauvais film digne d’Hollywood

Monsef Derraji, Leader parlementaire de l’opposition officielle et porte-parole de l’opposition officielle en matière de transports et de mobilité durable
Depuis le dépôt du rapport de la vérificatrice générale du Québec, le 20 février dernier, le fiasco de SAAQclic s’est transformé en véritable scandale caquiste. Des contrats divisés pour passer sous le radar, des ministres informés des dérapages qui restent les bras croisés, des ententes négociées en cachette; on a l’impression d’éplucher un oignon tellement les révélations troublantes s’accumulent jour après jour.
En plus du travail d’enquête journalistique exceptionnel qui se fait, à l’opposition officielle, nous avons aussi effectué un travail de recherche rigoureux qui nous a permis notamment de mettre la main sur des procès-verbaux importants du conseil d’administration de la SAAQ qui contiennent, à l’évidence, des informations essentielles pour brosser un tableau complet du scandale. Malheureusement, les copies qui nous ont été fournies par la SAAQ via l’accès à l’information sont largement caviardées.
Depuis des semaines, nous talonnons le gouvernement de la CAQ afin qu’il nous fournisse le contenu intégral de ces procès-verbaux, ce qu’on nous refuse systématiquement. Si les ministres caquistes ont réellement été bernés, comme ils le prétendent, et s’ils n’ont rien à cacher, pourquoi ne pas décaviarder ces documents et faire preuve de transparence envers l’ensemble des Québécois?
Fournir la vérité
Depuis le début de ce mauvais film digne d’Hollywood, face à la pression énorme et aux révélations compromettantes, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, a remis sa démission. C’était LA chose à faire.
À la suite de notre demande et de notre proposition concrète de mandat, le premier ministre a annoncé, dimanche, le déclenchement d’une enquête publique indépendante. C’était LA chose à faire.
Toutefois, il reste encore beaucoup à faire afin de fournir toute la vérité à la population qui, elle, s’est fait berner de centaines de millions de dollars dans ce scandale. La commission d’enquête annoncée ne doit pas servir de bouclier de protection pour le gouvernement caquiste et de voie d’évitement à la responsabilité ministérielle des ministres impliqués, François Bonnardel et Geneviève Guilbault.
Plusieurs questions
Le gouvernement a le devoir de répondre aux nombreuses questions de la population et de l’opposition à l’Assemblée nationale, comme:
- L’ancien ministre des Transports, François Bonnardel, était-il au courant que la SAAQ avait divisé des contrats en pleine campagne électorale afin de ne pas nuire à la réélection de son gouvernement?
- Savait-il qu’un ex-juge avait été engagé par la SAAQ afin de conclure un contrat secret de 130M$ à la suite d’une médiation avec la firme LGS en 2020? D’ailleurs, la vérificatrice générale du Québec a-t-elle été informée de ce contrat? Est-ce le seul contrat de ce genre à avoir été conclu?
- L’actuelle ministre des Transports, Geneviève Guilbault, alors qu’elle rédigeait les tweets de la SAAQ pendant la crise, aurait-elle dû faire SON travail au lieu de celui des autres? Si elle avait déposé son cellulaire et retroussé ses manches, comme une vraie gestionnaire l’aurait fait, les Québécoises et les Québécois n’auraient-ils pas évité une facture aussi salée aujourd’hui?
- Et les fameux procès-verbaux caviardés que j’ai obtenus grâce à l’accès à l’information, les caquistes auront-ils le courage de les décaviarder?
Le premier ministre a certes déclenché une enquête publique, mais les questions demeurent, et l’opposition officielle ne se taira pas, que le gouvernement le veuille ou non.

Monsef Derraji
Leader parlementaire de l’opposition officielle et porte-parole de l’opposition officielle en matière de transports et de mobilité durable