Fiasco SAAQclic: des contrats lucratifs octroyés à des connaissances du patron de l’informatique Karl Malenfant

Nicolas Lachance
Les vérificateurs internes de la SAAQ ont exprimé leurs préoccupations dès 2015 concernant les liens professionnels unissant le patron informatique Karl Malenfant et certains de ses consultants ayant obtenu par son entremise de généreux contrats.
Ces révélations ont été faites tard jeudi par Martin Lapierre, vérificateur à la SAAQ, devant la Commission Gallant, chargée de faire la lumière sur le fiasco du projet SAAQclic.

Un organigramme illustrant les liens entre Karl Malenfant et plusieurs consultants a été déposé en preuve. Parmi les cas soulevés, un contrat de 1,2 million de dollars a été attribué à Madeleine Chagnon, une ancienne collègue de Malenfant à Hydro-Québec et à DMR.

L’appel d’offres exigeait que la personne détienne une maîtrise et ait déjà obtenu un contrat avec la SAAQ. «Je n’avais pas souvent vu une maîtrise exigée dans un appel d’offres», a commenté M. Lapierre.
Trois entités ont soumis une proposition, mais une seule était conforme: Madeleine Chagnon.
Par ailleurs, Mme Chagnon détenait déjà un mandat avec la SAAQ depuis septembre 2014, obtenu de gré à gré, d’une valeur de 88 000$. «C’était particulier», a affirmé M. Lapierre.
Un seul soumissionnaire conforme, à répétition
Martin Lapierre a témoigné de ses inquiétudes, qu’il avait transmises à la Direction de la vérification interne, à l’évaluation de programme ainsi qu’au responsable de l’observation des règles contractuelles de la SAAQ.
Alors que la SAAQ préparait son mégacontrat pour SAAQclic, le vérificateur a signalé que plusieurs contrats informatiques se concluaient par un seul soumissionnaire conforme.
L’équipe de vérification s’est vu répondre que les contrats respectaient les règles, mais M. Lapierre demeurait sceptique. Il s’appuyait notamment sur les conclusions de la Commission Charbonneau, qui estimait que les contrôles mis en place par le Secrétariat du Conseil du trésor dans les processus d’octroi et de gestion contractuelle étaient insuffisants.
Il a également cité le rapport de la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, portant sur les contrats en technologies de l’information: «Les éléments, dans leur ensemble, augmentent les risques de collusion et de corruption», écrivait-elle.
La commission a ajourné ses travaux après cet exemple. Le procureur a déjà annoncé ses intentions: il poursuivra dans cette voie vendredi matin.