Fiasco SAAQclic: le CA de la SAAQ a approuvé la poursuite du projet SAAQclic, même si l’enveloppe budgétaire était vide

Nicolas Lachance
Le conseil d’administration de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a approuvé la poursuite du projet SAAQclic, même si l’enveloppe budgétaire était vide.
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Lorsque les coûts ont explosé en 2020 en raison d’une mauvaise planification, la SAAQ a détourné l’argent qui devait servir à faire fonctionner le système après sa mise en place, afin de poursuivre sa réalisation.
«À l’époque, il y avait une stratégie pour utiliser ce qu’il y avait dans le contrat aux fins des investissements», a expliqué l’ex-membre du CA François Geoffrion. «Il fallait réaménager des morceaux de ce contrat-là pour déplacer l’argent.»
Une fois l’enveloppe vide en 2022, le CA a aussi permis à la SAAQ de poursuivre le projet, même si elle n’avait trouvé aucune solution pour financer la suite.
«On leur a dit: "Continuez de travailler. Il ne faut pas arrêter"», a-t-il déclaré dans son témoignage franc et intense devant la commission Gallant.
Des sommes ont finalement été réinjectées, a-t-il confirmé, car la mauvaise évaluation des besoins avait fait passer le budget du simple au double en 2020.
La SAAQ avait convenu d’ajouter 222M$ au contrat avec l’Alliance LGS et SAP.

«On était sur de mauvaises bases, parce qu’on s’est fourré», a confirmé François Geoffrion. «Je ne m’attendais pas à du simple au double».
Mais les risques étaient connus, dit-il. À propos des ressources qui travaillaient en Inde, il y avait un manque «flagrant» d’expertises et des problèmes technologiques. Le projet SAAQclic avait «tous les défauts» dès le départ, a admis M. Geoffrion.
Rappelons que la SAAQ a morcelé «pour des raisons politiques et médiatiques» l’attribution de ce 222M$ supplémentaire afin que ces dépassements passent sous le radar et ne soient pas connus du public.
Les finances informées?
La haute direction et le CA ont dû complètement refaire un nouveau plan et un nouveau budget.
D’ailleurs, il soutient que le ministère des Finances a été informé.
«Tu as besoin de financement. Ça veut dire, il faut que tu parles au ministère des Finances parce que tu vas emprunter plus que prévu [...] Il a fallu, pour signer un nouveau contrat», a mentionné M. Geoffrion.
Selon le Vérificateur général du Québec (VGQ), la SAAQ a signé en 2017 un contrat de 638 millions $ pour dix ans pour déployer le projet CASA/SAAQclic qui incluait l’exploitation. Le VGQ estime maintenant que le projet coûtera minimalement 1,1 milliard $.
Le SAG: une catastrophe
L’ex-membre du CA a profité de sa tribune pour pourfendre le projet de Service d’authentification gouvernementale (SAG) d’Éric Caire, implanté aussi avec SAAQclic. Le SAG a «coûté cher» et a provoqué des problèmes.
Une affaire qui «ne sert à rien» et qui a nui à un déploiement déjà catastrophique, a plaidé François Geoffrion.
D’ailleurs, le retraité de la haute fonction publique a vivement critiqué la fermeture durant trois semaines des centres de service de la SAAQ. Il assure toutefois que le gouvernement et les ministres responsables avaient été mis au courant des risques.
«Il faut que tu donnes une chance au gouvernement de se préparer», a signalé François Geoffrion, qui a trouvé étonnante la réaction de la ministre des Transports Geneviève Guilbault à la suite du déploiement raté.
«J’ai trouvé que la ministre avait l’air un peu surprise», a-t-il affirmé.
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