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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Fiasco informatique en santé: une enquête élargie réclamée

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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2025-05-14T18:34:30Z
2025-05-14T18:39:47Z
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Alors que le projet de système de paie du réseau de la santé prend une tournure catastrophique, à l’image du dossier SAAQclic, les partis d’opposition réclament une enquête publique élargie qui couvrirait l’ensemble du chaos informatique au sein de l’appareil gouvernemental.

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Mercredi, notre Bureau parlementaire révélait qu’un rapport gouvernemental «dévastateur» conclut que le projet SIFARH, destiné à moderniser la paie et la gestion du personnel dans le réseau de la santé, «fonce droit dans un mur».

Malgré un avis ministériel, les coûts ont déjà explosé, passant de 202 M$ à 430 M$, et pourraient grimper jusqu’au milliard, comme dans le cas de SAAQclic. Le Journal avait révélé le tout l’automne dernier.

Le projet vise à centraliser les systèmes de paie, la chaîne d’approvisionnement en matériel médical et la gestion des ressources humaines, y compris la confection des horaires. Or, selon le rapport, à seulement 12% d’avancement, les dépassements atteignent déjà 228 millions de dollars.

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PHOTO D'ARCHIVES, AGENCE QMI
PHOTO D'ARCHIVES, AGENCE QMI

«Pendant ce temps, la CAQ coupe des services», dénonce André Fortin, porte-parole libéral en matière de santé.

En janvier 2024, Québec a signé un contrat de 408 millions $ pour les deux premiers volets du projet, d’une durée de 15 ans, avec un fournisseur dont le nom n’est pas précisé dans le rapport. Le contrat est jugé «impossible à résilier».

Pourtant, le coût initial autorisé pour l’ensemble du projet était de 202 millions $. Le troisième volet, lié à la gestion des ressources humaines, n’est toujours pas entamé, aucun contrat n’a été attribué, et les coûts restent inconnus. Le gouvernement évalue désormais la facture totale à 430 millions $, pour une livraison repoussée à 2028, soit deux ans de retard.

À la lumière de ces révélations, le Parti Québécois et Québec solidaire renouvellent leur demande d’élargir la commission d’enquête publique sur SAAQclic à l’ensemble des projets technologiques du gouvernement.

«C’est exactement ce que nous soupçonnons depuis des mois. La transition numérique de l’État vire à la catastrophe dans un gaspillage éhonté de fonds publics», a déclaré le député péquiste Joël Arseneau.

«Ce n’est pas surprenant, mais c’est choquant: ce gouvernement est incapable de livrer un projet informatique dans les temps et les budgets. Il faut élargir l’enquête pour mettre fin à cette hémorragie de fiascos», a ajouté le député de Québec solidaire Haroun Bouazi.

La députée libérale Michelle Setlakwe abonde dans le même sens. Elle dénonce un énième échec numérique évitable qu’elle attribue au manque de rigueur de la CAQ, malgré les sommes colossales investies.

«Le départ d’Éric Caire n’a rien changé: c’est toute la CAQ qui manque de vision, de leadership et de sérieux. Le nouveau ministre prétend ne pas avoir tous les pouvoirs, alors que son gouvernement est majoritaire. C’est absurde», a-t-elle déclaré.

Primes bloquées, colère des professionnelles

En parallèle, notre Bureau parlementaire rapportait que la désuétude du système de paie empêche toujours le versement de plusieurs primes prévues dans les nouvelles conventions collectives du personnel de la santé. Plus de cinq mois après la signature de l’entente, plusieurs professionnelles n’ont toujours rien reçu.

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) réclame des réparations immédiates, dénonçant un «mépris politique».

«Ce n’est pas une erreur technique, c’est un manque flagrant de respect envers les professionnelles en soins», tranche Julie Bouchard, présidente de la FIQ, qui compare la situation à celle de SAAQclic.

La FIQ demande le paiement rétroactif intégral des primes, avec intérêts, ainsi que des comptes sur ce «gouffre financier».

«Chaque dollar gaspillé dans ce projet mal géré est un dollar de moins pour soigner les Québécois», déplore Mme Bouchard. Elle presse le gouvernement de revoir ses priorités et soutenir celles qui tiennent le réseau à bout de bras.

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