Fiasco de SAAQclic: une «situation inacceptable» qui pourrait mener à des enquêtes formelles selon le PDG de la SAAQ

Jean-Philippe Guilbault
Face aux constats accablants contenus dans le rapport de la vérificatrice générale du Québec sur la conception et le déploiement du portail SAAQclic, le PDG de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) n’écarte pas l’idée de mener une enquête interne plus approfondie sur les responsables du projet.
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Questionné à savoir s’il y avait motifs à mener une enquête interne sur la direction des technologies de l’information (TI) qui pilotait le projet alors surnommé CASA, le PDG Éric Ducharme assure «qu’il y a matière [à] voir les suites qui peuvent être données à ça».
Le rapport est cependant «très récent», et c’est ce qui explique qu’un tel exercice n’ait pas encore été mené à l’interne.
«Il faut réfléchir à tout ça, et on a une structure de gouvernance à respecter, a ajouté M. Ducharme quant au lancement d’une enquête formelle. Mais on sait qui étaient aux réunions et qui ont signé les lettres pour faire rapport au Conseil du trésor ou aux dirigeants.»
Il a souligné que trois nouvelles personnes siégeaient depuis janvier 2024 au comité de direction.
«J’ai pleinement confiance envers les personnes avec qui je travaille», a-t-il martelé.
Concernant le vice-président aux TI de l’époque, Karl Malenfant, il a pris sa retraite à l’été 2023 et n’est donc plus au sein de la haute direction de la SAAQ.

D’emblée, Éric Ducharme a qualifié les révélations du rapport de la vérificatrice générale «d’inacceptables».
Au cours de son enquête, la vérificatrice générale a découvert d’importants ratés lors du déploiement de la plateforme SAAQclic, dont les coûts ont plus que doublé. Des retards et des bévues ont également été camouflés à la haute direction de la SAAQ ainsi qu’aux élus.
«Je n’ai jamais vu ça en 34 ans dans la fonction publique», s’est désolé celui qui est à la tête de la SAAQ depuis avril 2023.
Il a assuré avoir accueilli «avec sérieux» les constats de la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc. Notamment, un nouveau diagnostic complet sur le projet informatique sera réalisé pour permettre de dresser des constats et d’établir de meilleures manières de faire pour des projets similaires au gouvernement.
M. Ducharme a toutefois rappelé le «défi colossal» que représentait le projet de moderniser les systèmes «parfois vieux de 45 ans» de la SAAQ, ce qui a pu occasionner «des imprévus et des ajouts de besoins» lors de son développement.
En ce qui concerne le partenariat d’affaires avec l’entreprise chargée de fournir le logiciel au cœur du projet, le PDG a qualifié le contrat conclu en 2014 de «questionnable».
«Mais c’était un peu la façon de faire dans ces années-là, a ajouté M. Ducharme. Les choses ont changé depuis, vous pouvez en être sûrs. Mais c’était quelque chose à proscrire si c’est arrivé.»
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