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L'article provient de Le Journal de Québec
Société

«On était seuls au monde»: ils se sont forgé une vie depuis le décès de la maman, le jour de la naissance de la petite

La fête des Pères revêt une importance particulière pour Amine et sa fille Zina

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Photo portrait de Stéphanie  Martin

Stéphanie Martin

2024-06-15T04:00:00Z
2024-06-15T13:09:52Z
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Pour Zina et son papa Amine, la fête des Pères revêt une importance particulière; le jeune homme prend soin de sa fille seul, depuis le décès de la maman, survenu le jour de la naissance prématurée de la petite, en 2020. 

«On était seuls au monde. J’ai tout préparé ici. La chambre et tout. Je me suis dit: si une maman peut se débrouiller toute seule, je peux aussi. Et j’ai réussi», dit avec émotion Amine Ben Romdhane. «C’est beaucoup de patience. Beaucoup de sacrifices.»

Il a dû tout apprendre, lui qui n’avait jamais tenu de bébé dans ses bras et qui ne savait pas cuisiner. Les couches, les bains, le biberon, tout était nouveau. À voir sa fille s’agripper à lui et grimper sur ses épaules, on voit qu’il a bien appris.

Épreuves

Les dures épreuves de la vie les ont soudés. Tout au long de l’entrevue, dans leur appartement de Sainte-Foy, Zina multiplie les câlins à son père. «On est très proches. On est tout le temps ensemble», sourit Amine. «On joue à tout, même à la poupée!»

Les dures épreuves de la vie ont soudé la relation père-fille d’Amine et Zina. Tout au long de l’entrevue, dans leur appartement de Sainte-Foy, Zina multiplie les câlins à son père. «On joue à tout, même à la poupée», sourit Amine.
Les dures épreuves de la vie ont soudé la relation père-fille d’Amine et Zina. Tout au long de l’entrevue, dans leur appartement de Sainte-Foy, Zina multiplie les câlins à son père. «On joue à tout, même à la poupée», sourit Amine. Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUEBEC

Les rêves de la jeune famille se sont effondrés lors de l’arrivée au pays d’Amine et de sa femme Chehla, en septembre 2020. Le couple tunisien, chacun ayant en main un permis de travail, venait se bâtir une vie à Québec: lui informaticien, elle psychologue.

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Mais quelques semaines après leur arrivée, un cancer du cerveau foudroyant a été diagnostiqué à Chehla, qui était enceinte. À un tel point qu’elle a dû être placée dans le coma. Il n’y avait plus rien à faire pour la maman et, dans cette «catastrophe», Amine a eu une pénible décision à prendre: voulait-il garder sa femme en vie artificiellement, jusqu’à ce que le bébé soit viable?

«J’ai pris cette décision. Ce n’était pas facile, vraiment pas. Mais heureusement que je l’ai prise. Je ne la regrette pas. C’est un cadeau que donne le ciel, un enfant. J’ai été gâté.»

«Le jour de la 28e semaine [de grossesse], on a transféré au CHUL. On a sorti le bébé, et on a débranché les machines. C’était le même jour de sa naissance», souffle le jeune père. «C’est une histoire très douloureuse. C’est un drame. Mais on s’en sort.»

Solidarité

Le minuscule poupon est resté en incubateur pendant deux mois. Accablé par le deuil de sa femme, le nouveau papa était au Centre mère-enfant chaque jour, à part un court séjour en Tunisie pour enterrer son épouse.

Un réseau de solidarité s’est tissé autour de lui; des campagnes ont été lancées pour l’aider à payer les factures médicales qui totalisaient 200 000$. Il a remis chacun des dons amassés et n’en a pas touché un sou. Car «par miracle», on a réussi à dénouer l’impasse bureaucratique et la facture a été effacée.

Si l’univers de Zina tourne autour de son papa, elle n’oublie pas sa maman. «Je lui explique tout. Je veux qu’elle sache qu’elle a une maman comme tout le monde. La fête des Mères vient de passer. Elle ramène une feuille de la garderie pour maman. Je veux qu’elle vive normalement.»

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