Fermer son restaurant «au lieu de retourner dans la misère»
La pandémie a complètement épuisé un propriétaire du Centre-du-Québec

Frédéric Marcoux
Un restaurateur du Centre-du-Québec s’est résigné à fermer les portes de son établissement en octobre dernier, après plus de 30 ans dans le domaine. La pandémie l’a complètement épuisé.
Rétro Pop
- Ville : Plessisville
- Années d’existence : 31
- Employés touchés : 8
- Propriétaire : Nancy Fréchette et Martin Gosselin
«À la fin, j’étais au bout du rouleau, résume Martin Gosselin qui était copropriétaire du Café Rétro Pop, à Plessisville, avec sa conjointe Nancy Fréchette. On travaillait 12 heures par jour et nous avions de la difficulté à prendre congé. On peut dire qu’on a vécu de l’épuisement professionnel.»
Pourtant, il y a une dizaine d’années à peine, le chiffre d’affaires du restaurant familial était de 2 M$ et l’entreprise comptait sur 70 employés.
Toutefois, dans une ville de moins de 7000 habitants, la pénurie de main-d’œuvre s’est amenée, même avant la COVID-19. Tout juste avant la crise, l’entreprise n’avait plus que 25 employés. Au moment de sa fermeture, le restaurant était rendu à huit travailleurs seulement, incluant Martin Gosselin, sa conjointe et les deux filles du couple.
«En jumelant la pandémie au problème de main-d’œuvre, ça n’a vraiment pas été mieux pour nous par la suite, indique l’homme de 54 ans. On était pris et on manquait de personnel. Au début de la COVID-19, on fonctionnait seulement grâce aux livraisons. Cela nous a permis de stabiliser la situation, d’une certaine façon, mais nous n’avions plus assez d’employés pour une réouverture normale. Quelques anciens employés se sont trouvé un nouveau travail ailleurs.»
La situation a fait l’objet de plusieurs discussions en famille et l’option de la fermeture s’est imposée, malgré l’attachement de tous pour le commerce.
«Au lieu de retourner dans la misère, on a décidé d’arrêter, ajoute-t-il. Le contexte a fait que c’était plus facile pour nous de fermer ça [...]. Émotivement, c’était tout de même difficile, puisqu’on a consacré notre vie au restaurant.»

La porte est ouverte
Le quinquagénaire ne ferme pas la porte à un retour éventuel dans le milieu de la restauration. Par contre, le contexte devra changer et la main-d’œuvre devra être au rendez-vous.
«Ça va prendre de l’aide du gouvernement, estime Martin Gosselin. Pour une entreprise indépendante comme nous, au Québec, il y a beaucoup de paperasse. Ça nous tire beaucoup de jus et ça fait qu’on ne met pas toujours notre temps à la bonne place.»
Le principal intéressé est toujours propriétaire du bâtiment du Café Rétro Pop. Il a encore l’équipement nécessaire pour fonctionner. Cependant, le restaurateur ne se met pas de pression. S’il retourne en affaires, ce sera avec un plus petit restaurant.
«Présentement, on a tout mis sur pause, dit M. Gosselin. On regarde de quelle façon les choses vont évoluer. On laisse passer la crise et on verra ensuite.»