Ferme ton tabernacle

Si je vous disais qu’un animateur télé s’en est pris à un étranger en le traitant de façon méprisante d’immigré qui « n’a rien à foutre ici », que cet animateur a imité de façon grossière l’accent de l’étranger en question, et qu’il a véhiculé à son sujet les clichés les plus éculés, vous seriez choqués. Peut-être même que vous crierez à la xénophobie et à l’intolérance.

Eh bien, c’est exactement ce qui s’est passé en France cette semaine. 

Mais ce n’est pas un vilain animateur de droite qui s’en est pris à un migrant « racisé ». 

C’est au contraire un animateur de gauche qui s’en est pris à un Blanc. 

Et ce Blanc, c’est Mathieu Bock-Côté.

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LE QUÉBEC BASHING PARISIEN

Je suis tombée en bas de ma chaise quand j’ai visionné le segment de l’émission Quotidien animée par Yann Barthès sur TF1. Cette émission qui « décrypte l’actualité » est l’équivalent français d’Infoman. 

Sauf que cet animateur, qui se targue d’être antiraciste, a tenu au sujet de mon ami Mathieu des propos (« Ferme ton tabernacle ! ») qui auraient fait hurler s’ils avaient visé une personne issue d’une minorité. 

Barthès a présenté Mathieu comme « l’immigré québécois, le chum de Montréal, qui a rien à foutre ici, le chum de Tchicoutimi, qui se pogne sur la France. L’immigré qui met la France dans la laveuse en jasant, celui qui pète une coche sur les affaires qui le concernent pas ». 

Vous pensez que les anglos du ROC font parfois preuve de Québec bashing ? Barthès pourrait leur donner une classe de maître. Son petit montage vidéo, où il imite très mal l’accent québécois en roulant les R, fait défiler des images de bûcherons, de Céline Dion, de baleines, de poutine, d’orignal, de police montée et de déneigeuse au son d’une petite musique folklorique. 

Imaginez un animateur qui aurait fait une vidéo sur un noir américain en faisant défiler des images de poulet frit, de basketball, de Michel Jackson et de bayou...

« Ils veulent vraiment pas le récupérer à Radio-Canada ? » lance avec hargne Yann Barthès... qui manifestement n’est pas au courant que non seulement Mathieu n’y a jamais travaillé, mais qu’il n’y est pas le bienvenu. 

Mais quand Barthès conclut en jetant à Mathieu « Ferme ton tabernacle ! », c’est la cerise sur le sundae !

Pensez-vous un instant que Barthès se serait permis de dire à une femme transgenre : « Ferme ta gueule ! » ? 

Qu’il aurait imité un accent asiatique en le ridiculisant ? 

Qu’il aurait encouragé un chroniqueur maghrébin à retourner travailler pour Radio-Algérie ? 

Qu’il aurait dit à propos d’un Ukrainien : « Tu n’as rien à foutre ici » ? 

Qu’il aurait dit à un chroniqueur congolais analysant la France « Tu parles d’affaires qui te concernent pas » ?

• La rencontre de l'heure Nantel-Durocher, tous les jours 15 h 00, en direct ou en balado sur QUB radio : 

DEUX POIDS, DEUX MESURES

Barthès attaque Mathieu pour une raison et une seule : Mathieu est de droite... alors tous les coups sont permis. 

Cette gauche nauséabonde me pue au nez. Car, ne nous y méprenons pas, la gauche québécoise fait exactement comme Barthès. 

Elle prône la tolérance, la diversité, la bienveillance et dénonce les propos haineux, l’intimidation... mais se montre intolérante, malveillante, haineuse et intimidatrice quand l’objet de son ressentiment ne pense pas comme elle. 

Les donneurs de leçon se comportent de la même façon des deux côtés de l’Atlantique. 

À Paris comme à Montréal, on se permet de cracher sur l’Autre quand l’Autre est de droite.