«Femme de l’année» du «Times»: Gisèle Pelicot parmi les 13 nominées

Agence QMI
La Française Gisèle Pelicot, qui est devenue une figure de lutte contre les violences sexuelles en tenant tête à ses agresseurs dans le procès des viols de Mazan, a été nominée par le magazine «Times» pour le titre de «Femme de l’année», aux côtés de 12 autres «leaders».
«Elle a choisi de défier [ses agresseurs] en renonçant à son droit légal à l’anonymat. [...] Le combat courageux de Gisèle Pelicot contre les violences sexuelles a ouvert une porte scellée par laquelle d’autres survivantes se sentent désormais libres de passer», a souligné jeudi le magazine «Times» sur son site.
Le visage de Gisèle Pelicot, qui s’est fait connaître en septembre dernier lors de l’ouverture du procès des viols de Mazan en France, figure désormais aux côtés de douze autres femmes nommées à titre de «leaders extraordinaires qui se battent pour un avenir plus égalitaire», peut-on lire dans un communiqué.
Parmi elles, on dénote notamment l’actrice américaine Nicole Kidman, l’activiste Fatou Baldeh, qui se bat pour mettre un terme aux mutilations génitales féminines dans le monde, ou encore l'auteure-compositrice-interprète islandaise Laufey, qui a connu une ascension fulgurante avec son style de musique jazz.
Pour le «Times», c’est la réaction de Gisèle Pelicot face aux horreurs qu’elle a subies qui a fait d’elle l’instigatrice d’un mouvement contre les violences sexuelles, alors qu’elle a insisté pour faire changer la honte de camp en étalant l’entièreté des crimes devant la place publique.
Durant près de 10 ans, la femme de 72 ans a été droguée et violée à répétition par plus de 70 inconnus, âgés de 26 et 74 ans, recrutés sur le web par son mari des 50 dernières années, Dominique Pelicot, avec qui elle a eu trois enfants. Lors d’une perquisition en 2020, les autorités avaient mis la main sur plus de 20 000 photos et vidéos de la femme inconsciente dans un dossier sur l’ordinateur de l’accusé intitulé «Abus».
Le procès, qui s’est étalé sur trois mois, a engendré de nombreuses manifestations de soutien à travers le pays alors que l’icône a martelé son désir de «changer la société», a relevé le «Times».
«Je pense à toutes les autres victimes dont les histoires restent méconnues... Nous partageons le même combat», avait-elle lancé après la condamnation d’une cinquantaine de ses abuseurs, prête à affronter la poignée d’entre eux qui ont décidé de porter l’affaire en appel.
Si les répercussions de ce cas n’ont pas fini de se réverbérer, une chose est claire: la force de Gisèle Pelicot a déjà encouragé plusieurs victimes à sortir du silence, a témoigné l’avocate française Anne Bouillon, spécialisée dans la représentation des survivantes.
«J'entends cela de la part des clients que je vois tous les jours dans mon bureau. Ils évoquent Gisèle Pelicot comme une autorisation à prendre la parole. C'est incroyable», a-t-elle indiqué au «Times».