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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Félix Séguin découvre une Ukraine dévastée, mais un peuple résilient

L’envoyé spécial de TVA Nouvelles, Félix Séguin, témoigne de la désolation laissée par cette guerre cruelle

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Nora T. Lamontagne | Journal de Montréal

2023-02-25T05:00:00Z
2023-02-25T15:17:07Z
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De retour en Ukraine, le journaliste Félix Séguin constate l’ampleur de la désolation semée par la Russie en un an d’invasion, mais aussi le refus des Ukrainiens de se laisser abattre.

Le journaliste Félix Séguin et le caméraman Frédéric Therrien ont mis 17 heures à partir de la Pologne pour atteindre la capitale à bord du Kyïv Express.
Le journaliste Félix Séguin et le caméraman Frédéric Therrien ont mis 17 heures à partir de la Pologne pour atteindre la capitale à bord du Kyïv Express. Photo Frédéric Therrien

« Tout le monde recommence à rebâtir sa vie. Il y a un refus de revenir à l’état sinistre post-invasion », rapporte l’envoyé spécial de TVA Nouvelles et journaliste du Bureau d’enquête, arrivé dans la capitale, Kyïv, il y a sept jours.

Dans la ville, d’immenses croix de fer ont été installées pour empêcher le passage des chars d’assaut ennemis, et des affiches encouragent l’enrôlement des volontaires.

Si on fait abstraction de ces changements qui rappellent que l’Ukraine est un pays en guerre, la vie a repris son cours.

La vie a repris son cours à Kyïv.
La vie a repris son cours à Kyïv. Photo Félix Séguin

« Les restaurants sont ouverts, la grande roue fonctionne, il y a des cours de ballet à côté de notre hôtel. Et tout le monde se balance des alertes antiaériennes », témoigne Félix Séguin.

Le reporter est à même de comparer ce qui a changé au fil du temps, puisqu’il avait couvert le conflit depuis Kyïv, Irpin, Odessa et Bucha en avril dernier.

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Milliers de tirs

Un an plus tard, les environs de la capitale portent toujours les stigmates des assauts effroyables des Russes datant du printemps dernier.

Les obus, les missiles, les tirs d’artillerie ont laissé des traces indélébiles sur les immeubles et dans les esprits.

« Je ne compte plus les milliers de trous de balle qu’on a vus. Peu importe la rue, c’est systématique », laisse tomber le caméraman Frédéric Therrien, qui accompagne le journaliste.

Photo Félix Séguin
Photo Félix Séguin

Malgré leurs nombreux reportages dans des conditions hostiles, tous deux ont été ébranlés par leur visite du cimetière d’Irpin, où sont enterrées les victimes d’un massacre.

« 500 photos de personnes alignées sur des croix disposées dans un cimetière qui a dû être agrandi pour l’occasion, ça donne un coup. C’est impossible de regarder ces photos sans s’imaginer la vie de ceux qui y figurent, et leur mort aussi », écrit Félix Séguin dans son carnet de voyage publié en ligne.

Dans les tranchées

À l’heure où les puissances internationales fournissent de plus en plus d’armes à l’Ukraine, le duo s’est aussi aventuré aux côtés de soldats jusque dans les tranchées de l’est du pays, près de Kharkiv, à 12 km de la ligne de front.

C’était tout près de Belgorod, en Russie, d’où sont lancés la majorité des missiles russes de longue portée.

Depuis le début du conflit, l’armée ukrainienne a l’habitude de permettre aux médias occidentaux de s’approcher de l’action.

Félix Séguin y voit là la preuve que le conflit se joue aussi sur le front de la communication, levier essentiel pour mobiliser l’opinion publique internationale.

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Hommage à quelques-uns des milliers de soldats ukrainiens morts au front.
Hommage à quelques-uns des milliers de soldats ukrainiens morts au front. Photo Félix Séguin

Rencontre avec un soldat

Ce dernier tenait toutefois à rencontrer un soldat sans que les forces armées de l’Ukraine s’en mêlent.

Et ce fut possible grâce à la fixer Alina Kondratenko, qui a convaincu un militaire en permission d’accorder une entrevue.

Rencontre avec un soldat qui revient de Bakhmout, où les combats font rage.
Rencontre avec un soldat qui revient de Bakhmout, où les combats font rage. Photo Frédéric Therrien

Mykola Stupynetz revenait tout juste du terrible front de Bakhmout, où des milliers d’hommes et de femmes ont déjà perdu la vie, quand TVA l’a rencontré.

« C’était comme la Première Guerre mondiale. La distance entre les lignes ennemies est très courte », décrit le soldat qui travaillait jusqu’à récemment comme technicien informatique.

Détruit à 80 %

Même loin des combats, la destruction est omniprésente dans l’est du pays. À Stari Staltyv, pas très loin de Kharkiv, c’est environ 80 % du petit village qui a été réduit à néant.

« Tout est teinté de gris. Le simple fait de voir les dégâts, tu comprends la fureur des combats qui ont pu avoir lieu là. C’est ce que j’ai voulu documenter », affirme le caméraman Frédéric Therrien.

Lors de leur dernière nuit passée à Kharkiv, six missiles ont visé la ville, dont plusieurs ont été abattus par le système de défense antiaérienne. Les Québécois s’en sont heureusement tirés indemnes.

De retour à Kyïv, Félix Séguin et Frédéric Therrien ont constaté une certaine appréhension sur les visages des Ukrainiens en ces jours entourant l’anniversaire de l’invasion de leur pays par la Russie.

« C’est l’inconnu, ça crée une forme d’anxiété chez eux. Que va faire Poutine ? », se demande à voix haute le reporter aguerri, en se préparant à quitter le pays.

Et cela, personne ne le sait, à part le tyran lui-même.  

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