Fédérales 2025: tout le monde a perdu, mais certains un peu mieux que d’autres


Yasmine Abdelfadel
Chose certaine, la soirée électorale a été plus mouvementée que la campagne, qui ressemblait à un concours d’ennui national. Entre la résilience du Bloc au Québec, la force étonnamment tenace des libéraux dans la même province, conjuguée à leur déroute en Ontario et la saignée du NPD au profit des conservateurs au sud de l’Ontario, peu avaient vu venir autant de revirements.
Premiers grands perdants : les agrégateurs de sondages et les projections de sièges. Leur crédibilité s’est effondrée à la même vitesse que le vote néo-démocrate. Mauvaises prédictions, mauvais scores, mauvaises lectures : une performance digne des grandes heures de la météorologie d’octobre.
Ironie crève-coeur
Moment fort : Pierre Poilièvre, qui progressait partout... sauf chez lui. Battu dans sa propre circonscription, il devient ce chef de l’opposition qui ne pourra pas siéger aux Communes. Il y a quelques semaines à peine, c’était Mark Carney qui était dans cette situation. Ironie politique, quand tu nous tiens.
Les libéraux, quant à eux, donnent une démonstration spectaculaire de survie politique : minoritaires, aux portes de la majorité, ils ont défié les pronostics qui ont maintes fois été exprimés depuis 2 ans. Faire fondre la majorité historique des intentions de vote des conservateurs en quelques semaines, faut le faire !
Échecs
La liste des perdants s’allonge:
- Pierre Poilièvre, qui gagne des sièges mais échoue à prendre le pouvoir... et perd son propre siège.
- Les libéraux, qui restent en place mais dont la performance était en deçà de ce qui était attendu. Ils ont boudé le Québec pendant la campagne, ils seront forcés d’ouvrir les yeux et les oreilles.
- Doug Ford, dont la campagne officieuse contre les conservateurs de Poilièvre s’est avérée infructueuse
- François Legault, qui voit s’éloigner ses espoirs d’avancées en pouvoir d’immigration, lui qui, sans le dire ouvertement, aurait probablement préféré un gouvernement conservateur. Les Québécois lui préfèrent les libéraux, et pas rien qu’un peu.
- Le Bloc québécois, qui sauve l’essentiel mais qui reste loin derrière les libéraux au Québec. Au moment d’écrire ces lignes, ils n’ont pas l’exclusivité de la balance du pouvoir, puisque les quelques députés néodémocrates pourraient sauver le gouvernement.
Bref, une campagne où tout le monde a perdu un peu... Certains juste assez pour sauver les apparences, d’autres assez pour devoir repenser leur avenir.
Et une seule certitude : l’instabilité politique est devenue la seule chose vraiment stable au Canada