Fauxtochtone: le ministre libéral Randy Boissonnault pressé de démissionner

Raphaël Pirro
Le ministre fédéral des Langues officielles, l’Albertain Randy Boissonneault, fait face à des appels à la démission du NPD et des conservateurs après une accumulation de révélations concernant sa prétendue identité autochtone.
Pendant des années, M. Boissonnault a tenu un discours changeant concernant ses origines. À certains moments il disait appartenir à la nation Métis, et jusqu’à récemment, soutenait que son arrière-grand-mère était une «femme crie pur sang».
Peu après son élection en 2015, par exemple, le Parti libéral du Canada (PLC) a célébré l’arrivée du plus grand contingent d’élus autochtones de l’histoire au gouvernement fédéral.
M. Boissonnault, qui s’identifiait parfois comme Blanc, parfois comme «Cri adopté et sans statut» selon le contexte, apparaît sur la photo aux côtés d’autres élus autochtones.
Cette version des faits s’est écroulée cette semaine, après des révélations du National Post. Le quotidien a découvert que l’arrière-grand-mère du ministre n’était pas Crie.
«Je m’excuse de ne pas avoir été aussi clair que j’aurais pu l’être sur mon identité et l’histoire de ma famille», a-t-il déclaré vendredi dernier.
Des affaires douteuses
L’histoire ne s’arrête pas là.
Une entreprise co-fondée en 2020 par M. Boissonnault, Global Health Imports (GHI), a soumissionné à quelques reprises sur des contrats fédéraux pour l’importation de masques et d’autre matériel médical.
Il y a deux semaines, le National Post a découvert que l’entreprise s’était présentée à au moins une reprise comme «appartenant à des Autochtones». Cette caractéristique peut conférer un avantage dans le processus d’approvisionnement mis en place par le gouvernement Trudeau.
Réagissant à cette nouvelle, M. Boissonnault avait répondu que la soumission avait été faite sans sa connaissance par son collègue d’affaires et autre propriétaire de GHI, Stephen Anderson. Le ministre dit avoir délaissé ses parts dans l’entreprise cette année.
Les députés en colère
Les conservateurs sont sur le cas de Randy Boissonnault depuis l’été dernier, mais les révélations récentes sur sa fausse identité autochtone sont la goutte qui fait déborder le vase.
«Le ministre des Langues officielles doit faire la seule chose honorable: démissionner dans la honte. Est-ce que le premier ministre va congédier son ministre imposteur?» a demandé le conservateur québécois Luc Berthold.
Dans une sortie acerbe, un député néo-démocrate d’origine Métis, Blake Desjarlais, a dénoncé un «abus du système d’approvisionnement» par des personnes comme M. Boissonnault, de «faux autochtones».
«S’il ne démissionne pas, c’est la responsabilité du premier ministre de lui montrer la porte», a-t-il lancé.
L’ancienne ministre autochtone de la Justice, Jody Wilson-Raybould, s’est lancée dans la mêlée en qualifiant cette saga de «honteuse» et «extrêmement destructrice» sur X.
«Un premier ministre soucieux d’une véritable réconciliation aurait depuis longtemps écarté Randy [...] du gouvernement», a-t-elle écrit.