Faux produits canadiens en épicerie: la loi violée à répétition

Les grandes chaînes affichent toujours autant de symboles patriotiques sur leurs tablettes, mais six mois après le début de la guerre tarifaire, la patience des consommateurs semble s’effriter face à leurs erreurs de drapeaux.

• À lire aussi: Attention aux fausses boutiques d’achat local

• À lire aussi: Gare au lys ou à la feuille d’érable bidon

L’Agence canadienne d’inspection des aliments a indiqué à CBC News avoir reçu 97 plaintes liées aux allégations d’origine des produits, de novembre 2024 et la mi-juillet. L’organisme a enquêté 91 fois et a découvert 29 violations aux règles.

La plupart des infractions touchent les produits en vrac vendus en magasin. Dans chaque cas, a indiqué l’ACIA, le problème a été corrigé.

«C’est de la fausse publicité», dénonce tout de même un professeur d’université, Mike von Massow. Il est particulièrement outré par sa découverte d’amandes crues importées affichées avec une feuille d’érable et la mention «Fabriqué au Canada» chez Sobeys (propriétaire d’IGA).

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Isabelle Perron, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

«On ne cultive pas d’amandes dans ce pays», dit-il.

Une promenade dans les Sobeys, Metro et Loblaws du centre-ville de Toronto a révélé des incohérences systématiques: bleuets étiquetés «Produit du Canada» mais emballés en tant que «Produit des États-Unis», brocolis affichés «Produit du Canada» sur l’enseigne mais «Produit des États-Unis» sur l’étiquette.

«Les détaillants doivent se ressaisir», insiste une autre prof d’université.

« Ils dépensent des fortunes en publicités patriotiques, ils peuvent aussi faire le travail en coulisse pour s'assurer d'étiqueter correctement. »

- Mary L'Abbé, professeure émérite en sciences nutritionnelles à l'Université de Toronto

Université de Toronto

Chez Loblaws, 35% des produits en ligne portent la mention «Préparé au Canada», incluant des jus d’orange à base de concentré importé. Cette étiquette moins rigoureuse que «Produit du Canada» permet d’inclure des aliments simplement embouteillés ou mélangés ici.

Metro utilise le logo «Produit d’ici» sur son site ontarien, mais avoue l’avoir «ajouté par erreur» sur certains articles et le retire progressivement.

Cet étiquetage patriotique trompeur dépasse le secteur alimentaire. En février dernier, Le Journal révélait déjà comment «la majorité des symboles patriotiques ne veut rien dire», selon Elfi Morin, des Produits du Québec.

«C’est de l’autodéclaration», expliquait-elle, déplorant cette «prolifération des logos bidon». Pendant que certaines entreprises comme Mondou misent sur une stratégie avec des usines québécoises et des certifications reconnues, d’autres surfaient déjà sur la vague patriotique sans substance.

CE QUE DIT LA LOI

Règle principale: l’étiquetage alimentaire ne peut être «faux, trompeur ou mensonger ou susceptible de créer une fausse impression», selon la Loi sur les aliments et drogues

Qui est touché: tous les détaillants alimentaires et fabricants vendant au Canada.

«Produit du Canada»: 98% des ingrédients et transformation canadiens

«Fait au Canada»: dernière transformation significative au Canada

«Préparé au Canada»: manipulé, traité ou emballé ici

Recours: signaler les incohérences à l’ACIA (1-800-442-2342) ou directement au service à la clientèle du magasin

Délai d’action: L’ACIA enquête habituellement dans les 30 jours suivant une plainte documentée.