Aide de l’État: «Faut mettre fin au bar ouvert»

Olivier Bourque
Il est grand temps de faire un ménage dans l’aide octroyée aux entreprises qui devront montrer patte blanche si elles veulent obtenir de l’argent public, croit Québec solidaire. «Il faut mettre fin à l’arbitraire et au bar ouvert», affirme Ruba Ghazal en entrevue avec Le Journal.
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La députée qui est montée au créneau dans l’affaire Michael Rousseau veut responsabiliser les entreprises et rendre l’aide gouvernementale conditionnelle à des critères de responsabilité sociale.
«Ce n’est pas une révolution, ce qu’on propose est raisonnable et ça touche les valeurs québécoises. On parle de l’argent des contribuables. Notre proposition est simple: si vous ne respectez pas ces critères, vous n’aurez pas d’argent public», affirme la porte-parole solidaire en matière d’économie.
Cinq critères à respecter
En vertu de la proposition de QS, les entreprises au Québec qui bénéficieraient d’aide publique auraient jusqu’en 2026 pour mettre en place un conseil d’administration paritaire.
Il n’y aurait plus de subventions ni de prêts pour celles qui auraient des actifs dans les paradis fiscaux et qui ne respecteraient pas une politique de rémunération équilibrée (c'est-à-dire que le patron ne devrait pas toucher plus de 30 fois le plus bas salaire de l’entreprise).
Les entreprises devraient aussi assurer une garantie ou un maintien d’emplois et respecter obligatoirement la Charte de la langue française.
On s’indigne, mais il faut agir
«Comme par exemple, l’entreprise devrait avoir un certificat de francisation et les hauts dirigeants devront parler le français. On l’a vu dans le dossier Air Canada, on est très forts pour s’indigner, mais à un moment, il faut agir», croit l’élue.
QS voudrait faire adopter une loi qui inclurait les cinq critères avec les noms des ministères et organismes auxquels ces mesures s’appliqueraient, notamment le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI), la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et Investissement Québec (IQ).
«Et ça implique plus de transparence. Pour la Caisse de dépôt, on peut savoir où on met l’argent, mais chez Investissement Québec, on ne le sait pas. C’est fondamental, va falloir qu’on sache dans quoi on investit », assure Mme Ghazal.
Québec met toujours plus d’argent
Cette dernière rappelle que Québec vient tout juste de boucler une année quasi record en matière d’aide aux entreprises.
Comme le rapportait Le Journal au printemps, au cours du dernier exercice, le Fonds du développement économique (FDE) du MEI a versé plus de 1,4 milliard $ en aide aux entreprises. C’est 66% de plus que les 848 millions $ attribués en 2019-2020.
Pour l’année fiscale en cours, le ministère de l’Économie prévoit d'accorder 80 millions $ de plus aux entreprises pour un total de près de 1,5 milliard de dollars.
«Ça arrive dans un contexte où la CAQ va mettre plus d’argent. Ça arrive aussi au moment où on voit que la Caisse investit dans des fonds d’entreprises actives dans les paradis fiscaux. Un ménage s’impose et je ne vois pas pourquoi on n’aurait pas le courage politique d’aller de l’avant», affirme Mme Ghazal.