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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Faut-il sanctionner ou pardonner ?

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Photo portrait de Nathalie Elgrably

Nathalie Elgrably

2022-09-23T09:00:00Z
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Grâce à l’insistance d’Éric Duhaime pour voir les études sur le troisième lien, François Legault a avoué qu’il ne dispose d’aucune étude pour ce projet pourtant extraordinairement coûteux. Certains y voient de l’incompétence. D’autres suspectent une tentative de flouer les Québécois.

Manipulation

Le soupçon est légitime, car, dans cette ère de post-vérité, les politiciens sont nombreux à ériger des décors en trompe-l’œil. Ils alternent allègrement entre mensonges grossiers, mensonges par omission, astuces de langage, flous sémantiques, double-sens, demi-vérités, promesses irréalistes et enfumage en tout genre. Que doit faire l’électeur ? Pardonner ou sanctionner ?  

Quand le délit est anecdotique, le pardon est facile. Mais quand le mensonge en politique s’érige en politique du mensonge, quand la tromperie devient un mode de communication, l’indulgence n’est plus une option. Car mentir est bien plus qu’un exercice d’artifice. Mentir, c’est manipuler. C’est une manœuvre d’intoxication intellectuelle visant à dominer l’autre. Et les implications sont sérieuses.

D’une part, un seul mensonge suffit pour briser la relation de confiance. Car si le politicien ment sur un point, combien d’autres couleuvres a-t-il déjà fait avaler à l’électeur ? Et combien d’autres lui réserve-t-il ?

D’autre part, manipuler l’électeur, c’est paralyser sa souveraineté. Le mensonge et la démocratie sont donc incompatibles. Le royaume de l’illusion ne peut s’ériger que sur les cendres du pouvoir citoyen. Tolérer le mensonge, c’est donc non seulement l’encourager, mais dynamiter la dignité de l’électeur. 

Cathédrale

Pour légitimer le mensonge, la sphère politique rétorquera qu’il est acceptable de tromper le peuple pour son bien ou pour une bonne cause. Mais la fin justifie-t-elle réellement les moyens ? Et si la fin est honorable, la vérité n’est-elle pas suffisante ?

Chose certaine, tout mensonge finit par être découvert. Certes, pêché avoué est à moitié pardonné. Mais autrement, tout menteur se discrédite et s’expose à la disgrâce électorale. Car on n’élève pas une cathédrale sur des sables mouvants ! 

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