Faut-il réinvestir dans l’immobilier un héritage reçu à 60 ans?

Ghislain Larochelle
Recevoir un héritage à la retraite est une chance... mais aussi un casse-tête. Faut-il tout investir dans une maison ou garder ses options ouvertes pour profiter de la vie?
«Je viens de recevoir un héritage important qui me permettrait d’acheter une propriété sans hypothèque. Mais si je choisis l’option du prêt hypothécaire sur 25 ans, je serai encore en train de payer à 85 ans! Comment devrais-je gérer cet investissement immobilier? Est-ce que je devrais profiter de la vie ou être plus conservateur? Je n’ai pas d’enfants de toute façon...»
Cette réflexion provient de Marc, un lecteur de 60 ans qui vient de recevoir un héritage substantiel. Son questionnement reflète parfaitement les préoccupations de nombreux bébé-boumeurs québécois concernant l’investissement et la gestion du patrimoine pour leurs années restantes.
Propriétaire à 60 ans: plus courant qu’on ne le pense
Contrairement aux idées reçues, devenir propriétaire à 60 ans, même pour la première fois, est tout à fait possible. Les données de Statistique Canada révèlent qu’en 2019, environ 17% des Canadiens de 65 ans et plus avaient toujours une hypothèque active, avec une dette moyenne de 200 000$. Le remboursement hypothécaire pendant la retraite est donc devenu une réalité courante.
Cependant, l’achat d’une maison n’est pas la seule option d’investissement à considérer. L’acquisition d’un condo, d’un appartement ou même la location méritent une réflexion approfondie, surtout pour minimiser les responsabilités d’entretien. Dans le cas de Marc, un condo récent, accessible et bien situé, pourrait être un choix judicieux.
Acheter ou louer: deux modes de vie
Examinons deux scénarios:
1. Louer et investir: Marc investit son héritage dans un portefeuille diversifié ou un compte à rendement élevé. Il paie 2 000$ par mois pour un logement moderne, sans les tracas d’entretien. Cette option lui offre de la flexibilité pour voyager et une capacité d’adaptation aux imprévus.
2. Acheter un condo: Marc devient propriétaire, soit en payant comptant ou avec une hypothèque. Il élimine le loyer, mais assume les taxes, l’entretien et les frais de copropriété. Son investissement immobilier peut s’apprécier, mais une grande partie de son capital reste immobilisée.
L’achat peut convenir à ceux qui veulent se sentir «chez eux», tandis que la location favorise la flexibilité. Tout dépend du mode de vie recherché.
L’hypothèque: oui, même à 60 ans
Si les institutions financières restent prudentes avec les emprunteurs de 60 ans et plus, l’obtention d’une hypothèque reste possible lorsque les revenus sont stables et suffisants. La retraite ne signifie pas l’inéligibilité. Un prêt hypothécaire peut même s’avérer une bonne stratégie pour conserver de la liquidité, surtout si l’héritage est important.
En optant pour une hypothèque partielle, Marc pourrait conserver une portion significative de son capital pour diversifier ses investissements: créer un fonds d’urgence, explorer le monde, investir dans d’autres projets immobiliers, ou même soutenir des causes qui lui tiennent à cœur.
Acheter comptant: la paix d’esprit
À l’inverse, l’acquisition d’une propriété sans hypothèque élimine le stress des paiements mensuels et procure une sérénité inestimable pendant la retraite. Marc deviendrait l’unique propriétaire de sa résidence, sans aucune dette.
Cependant, cette tranquillité a son prix: elle limite sa marge de manœuvre financière. Moins de liquidités disponibles pour les imprévus ou les projets. C’est pourquoi les experts en investissement préconisent une approche équilibrée.
Voici une règle simple: 40-30-20-10
Voici une formule adaptée à la situation de Marc ou de tout premier acheteur dans une position similaire:
- 40% pour l’investissement immobilier (achat comptant ou mise de fonds et frais)
- 30% en fonds d’urgence ou placements sécuritaires (CELI ou comptes à haut rendement)
- 20% pour des projets personnels (voyages, passions, etc.)
- 10% pour aider ou redonner
Sans enfants, Marc est libre d’utiliser cet argent pour améliorer sa qualité de vie aujourd’hui et demain.
Conclusion
Recevoir un héritage à 60 ans, c’est autant une chance qu’un tournant. Le choix entre hypothéquer ou acheter comptant ne se résume pas à des chiffres, mais à un mode de vie. Marc n’a pas d’enfants, mais il a du temps, des projets, et un confort à préserver.
Qu’il choisisse la sécurité d’un achat comptant, la souplesse d’une hypothèque bien pensée, ou même la liberté d’un appartement en location, l’essentiel est que cette décision reflète ses aspirations. Mais surtout, il peut enfin se demander: qu’est-ce qui me rend heureux aujourd’hui... et demain?
CONSEILS PRATIQUES
- Avant de décider: faites le bilan complet de vos finances avec un professionnel.
- Comparez les offres hypothécaires: vérifiez votre admissibilité; même à 60 ans, c’est possible.
- Sécurité d’abord: gardez toujours de côté de 3 à 6 mois de dépenses.
- Investissez en vous: un héritage, c’est aussi l’occasion de réaliser des rêves.
- Évitez les achats émotionnels: prenez votre temps. Un héritage, c’est aussi un levier pour bâtir votre retraite.