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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Famille d’accueil pour la DPJ: agresseurs de père en fils

Un jeune homme de Québec a reconnu avoir violé une ado placée chez lui par la DPJ qui a aussi été agressée par le paternel

Chrystopher Jean et son père, Éric, le 6 novembre 2023.
Chrystopher Jean et son père, Éric, le 6 novembre 2023. Photo Pierre-Paul Biron
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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2025-07-07T18:47:46Z
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Un peu plus d’un an et demi après que son père eut été condamné à 10 ans de pénitencier pour des agressions sexuelles sur deux enfants de la DPJ hébergées chez lui, un jeune homme a reconnu lundi avoir lui aussi agressé l’une des deux jeunes filles dans cette maison de Québec où se sont brisées plusieurs vies.

• À lire aussi: Famille d’accueil pour la DPJ: 10 ans à l’ombre pour avoir agressé deux adolescentes

• À lire aussi: Deux jeunes filles de la DPJ abusées sexuellement en famille d’accueil: après le père, le fils sera lui aussi accusé

Chrystopher Jean s’est pointé en retard au palais de justice de Québec lundi matin pour l’enregistrement de son plaidoyer de culpabilité.

Casquette sur la tête, démarche nonchalante, ton détaché; l’homme de 26 ans ne semblait pas trop chamboulé.

À l’inverse, Jade (nom fictif), elle, était rongée par le stress.

Accompagnée de son chien d’assistance et de plusieurs proches, elle a écouté son agresseur reconnaître l’ensemble des sévices qu’il lui a fait subir alors qu’elle avait entre 10 et 11 ans.

Tout ça un an et demi après avoir vécu le même processus avec le père de l'accusé, Éric Jean, condamné à 10 ans d’emprisonnement en novembre 2023 pour des agressions sur Jade et sur une autre adolescente que la DPJ avait placée chez lui.

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Photo Pierre-Paul Biron
Photo Pierre-Paul Biron

Nombreuses agressions

Comme son père, Chrystopher Jean a eu au moins une relation complète avec la jeune fille.

Il l’a aussi forcée à lui faire une fellation, lui a imposé des pénétrations digitales et l’a même sodomisée, disant vouloir «essayer la pénétration anale».

La victime a raconté aux enquêteurs qu’elle se souvenait d’avoir dit à un certain moment au jeune homme, qu’elle côtoyait depuis plusieurs années, devoir arrêter les relations complètes, puisqu’elle avait maintenant ses règles.

Et que Chrystopher Jean ne mettait jamais de protection lorsqu’il abusait d’elle.

L’agresseur avait tout juste 18 ans à ce moment.

Famille d’accueil pendant des années

Ce qui se passait dans la résidence de la famille Jean, à Val-Bélair, relève de l’histoire d’horreur.

La première victime du père avait dénoncé les agressions dont elle était victime au milieu des années 2000, mais qu’elle n’avait pas été crue par la DPJ.

Éric Jean a donc pu continuer d’héberger des enfants, dont Jade, pendant une quinzaine d’années avant d’être arrêté.

• À lire aussi: Agressions sexuelles dans une famille d’accueil: inquiétudes pour un collectif d’anciens de la DPJ

Quand il a plaidé coupable en novembre 2023, le procureur de la Couronne au dossier avait rappelé que ses victimes n’avaient pas choisi d’être placées chez lui. Enfants vulnérables, elles avaient été jetées dans la gueule du loup.

Le plaidoyer de culpabilité qu’a enregistré Chrystopher Jean lundi ne fait que confirmer que la famille sévissait en meute.

«[Jade] considérait l’accusé comme son grand frère», a souligné Me Marie-Lou Gagnon dans le résumé des faits présenté au tribunal.

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L’agresseur devait subir son procès cette semaine pour des chefs d’accusation d’agression sexuelle, de contacts sexuels et d’incitation à des contacts sexuels.

Il a finalement plaidé coupable à un seul chef d’accusation de contacts sexuels sur une mineure.

Un rapport présentenciel et une évaluation sexologique ont été demandés par l’avocate de la défense au dossier, Me Julie Bégin, qui a aussi mentionné que son client devrait témoigner lors des observations sur la peine, en décembre.

Un troisième individu lié à la famille Jean a aussi été accusé en lien avec cette affaire troublante.

David Hudon, le beau-frère d’Éric Jean, doit subir un procès cet automne pour une agression perpétrée sur une autre adolescente en compagnie de ce dernier.

Poursuite civile

De son côté, Jade tente tant bien que mal de continuer d’avancer.

Une poursuite civile contre le CIUSSS de la Capitale-Nationale menée par Me Valérie Assouline suit toujours son cours, a confirmé sa mère.

Cette dernière est convaincue que la DPJ est responsable de l’enfer que vit sa fille encore aujourd’hui.

«C’est écrit noir sur blanc: tous les traumas, les diagnostics qu’elle a aujourd’hui sont directement liés à la DPJ et ce qu’elle a vécu en famille d’accueil», confie sa mère, parlant de «négligence» et de «lacunes qui n’ont aucun sens».

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