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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

Faire des efforts c'est coûteux ou payant?

Illustration Adobe Stock
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Photo portrait de Dr François Richer

Dr François Richer

2024-07-03T00:01:19Z
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Notre relation à l’effort est ambivalente. Nous préférons l’éviter sauf quand nous anticipons être récompensés. Cependant, il ne faut pas laisser notre aversion pour l’effort nous priver des plaisirs qu’il apporte. 

«Ça a l’air compliqué!» «J’ai moins envie de m’y mettre.» «C’était plus amusant que prévu».

Faire un effort c’est mobiliser de l’énergie physique ou mentale pour atteindre un but. Quand nous voulons résoudre un problème, nous récupérons les informations et les actions pertinentes et nous construisons et évaluons des solutions possibles.

Nous estimons la complexité, les coûts et les bénéfices attendus. Nous coordonnons toutes ces activités par des circuits de contrôle cognitif dans notre cerveau.

Il faut plus d’activité cérébrale pour multiplier 3 x 6 que pour 3 x 16. Pour y arriver, notre cerveau éveille nos circuits de mémoire et nos circuits de contrôle mental avec des molécules comme l’adrénaline. Nous pouvons même mesurer l’effort cérébral indirectement par la pupille de notre œil.

La pupille réagit à l’adrénaline produite pendant ces efforts et se dilate plus quand nous pensons à des problèmes plus compliqués.

En faire plus

Parfois, faire un effort c’est rendre une activité plus intensive (plus concentrée, plus rapide...). Nous avons envie d’investir plus d’énergie quand nous sommes motivés par les conséquences, quand l’enjeu en vaut la peine à nos yeux. Mais quand nous nous sentons contraints, fatigués ou peu motivés, nous anticipons plus la douleur de l’effort.

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Certains efforts sont associés à du stress ou de l’épuisement (ex.: les devoirs vus comme compliqués), ce qui nous pousse à les éviter si possible. Parfois, faire un effort ressemble à gravir une montagne en n’y voyant que les douleurs et pas de plaisir. Dans de telles situations, nous pouvons rapidement développer une aversion aux efforts (ex.: école, sports, travail, rénovations).

Se pousser trop fort

Certaines personnes se poussent de façon intense. C’est souvent le cas des personnes dans des domaines compétitifs (athlètes, professionnels), celles qui ont des défis d’adaptation (séparation, emploi, immigration), celles qui ont une anxiété de performance ou encore celles qui se définissent par leurs réalisations aux dépens des autres aspects de la vie.

Quand l’effort est une partie importante de notre personnalité, nous pouvons facilement devenir stressés. Nous nous imposons des standards exigeants, nous nous ramenons à l’ordre pour continuer à avancer en négligeant nos limites, ce qui nous rend sujets à l’épuisement (burn-out).

Certains se critiquent de ne pas en faire assez, d’autres se privent de plaisirs pour en faire plus.

Quand l’effort disparaît

Nous pouvons réduire le stress et les sentiments négatifs associés aux efforts de différentes façons:

1. Accepter de démarrer pour voir

Les personnes qui réduisent leur résistance aux activités les vivent mieux. Commencer une activité réduit souvent notre perception de l’effort nécessaire. En plus, nos hobbies sont généralement moins forçant que nos activités obligatoires. Alors, pourquoi ne pas essayer d’habiller nos obligations en hobbies?

2. Pratiquer souvent

Pratiquer une activité peu familière demande de l’effort parce qu’elle implique beaucoup de périodes d’attention et de décisions volontaires. Cependant, une fois automatisé, l’effort nécessaire est fortement réduit parce que des associations automatiques remplacent la plupart des décisions volontaires. Pratiquer est donc un investissement payant pour réduire le sentiment d’effort.

3. Célébrer d’avance

Les personnes qui arrivent à anticiper du plaisir dans une activité ressentent moins d’effort. Il faut arriver à croire que c’est plaisant. Pour faire un travail avec moins de sentiment d’effort, certains y associent leur musique préférée, certains pensent au résultat et à son impact sur les autres, et d’autres pensent au plaisir d’avoir le temps et les capacités de le faire. L’effort augmente souvent la valeur subjective du travail et notre fierté. Quand nous pouvons célébrer d’avance ces impacts de nos efforts, nous pouvons les percevoir comme moins douloureux.

4. Trouver sa zone

Parfois, nos activités semblent bien équilibrées et nous apportent une satisfaction suffisante pour maintenir notre engagement. Nous pouvons même atteindre un état absorbé, une immersion dans notre activité (la zone ou le flow) durant laquelle nous réduisons notre conscience du temps et notre conscience de soi (notre corps, notre douleur). Dans certaines circonstances, notre cerveau produit du cannabis naturel (endocannabinoïdes) qui réduit la douleur et le stress durant l’effort.

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