Facultés affaiblies: une femme ivre a tué sa meilleure amie à son anniversaire

Erika Aubin
Une infirmière a été reconnue coupable au terme de son procès d’avoir tué sa meilleure amie en prenant le volant complètement ivre et en roulant deux fois trop vite après une soirée où l’alcool coulait à flots pour son anniversaire.
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«Ce soir-là, c’est littéralement une tragédie. Le verdict aujourd’hui lance un message: conduire avec les facultés affaiblies, c’est inacceptable et ça peut mener à ce genre de drame», a insisté la procureure de la Couronne, Me Jade Coderre.
L’accusée Stéphanie Tanguay a eu du mal à retenir ses larmes en entendant un juge la déclarer coupable, ce matin, de conduite avec les facultés affaiblies et de négligence criminelle causant la mort de son amie Jasmine Charette.
Selon une analyse du prélèvement sanguin, l’alcoolémie de la conductrice deux heures après l’accident était de 116 mg/100 ml de sang, a retenu le magistrat Normand Bonin.

Cette preuve a été présentée lors du procès au printemps dernier, au palais de justice de Joliette.
Le soir du 7 novembre 2019, trois amies se sont réunies pour célébrer le 35e anniversaire de Stéphanie Tanguay au resto-bar Houston à Terrebonne. Vin, shooters, bouteille de mousseux: la soirée était festive et arrosée. À un moment, les copines se sont déplacées sur la piste de danse pour continuer à festoyer.
Une soirée vire au drame
Vers minuit, Michèle Parsons a quitté l’établissement en prenant bien soin de faire promettre à ses amies «de ne pas prendre le volant.»
Ne se sentant pas apte à conduire, elle avait d’ailleurs fait appel à un service de raccompagnement pour la reconduire à son domicile avec son véhicule.
Mais ses amies ne l’ont pas écoutée. Vers 3h19 du matin, Stéphanie Tanguay a pris le volant et s’est rendue avec son amie Jasmine Charette à bord de sa Honda Civic à un Tim Hortons situé à une vingtaine de kilomètres du Houston.

Des caméras de surveillance ont capté leur passage dans le stationnement du restaurant. On aperçoit que la voiture y circule difficilement, passant même proche de frapper un lampadaire.
«Il est anormal de monter autant de bandes trottoir en aussi peu de temps et de ne pas arriver à s’aligner correctement dans un espace beaucoup plus large que le véhicule», a mentionné le juge Bonin.
Les deux amies sont restées 10 minutes devant le panneau de commande. Même la caissière Luciana Larosa était étonnée de l’attitude de la conductrice: «Pour elle, il est évident qu’il y a quelque chose d’anormal. Elle pense qu’elle est intoxiquée», souligne-t-on.
Deux fois trop vite
À peine deux minutes après avoir quitté le service au volant, leur véhicule a fait une sortie de route dans une courbe avant de percuter un ponceau en bordure du chemin, à Saint-Roch-de-l’Achigan.
Stéphanie Tanguay roulait alors à 96 km/h, soit près de deux fois plus que la limite permise à cet endroit.

Jasmine Charette, qui travaillait aussi comme infirmière, est décédée sur le coup.
Haut taux d’ébriété, conduite erratique, vitesse excessive et non-port de la ceinture de sécurité: «La conduite [de l’accusée] démontre une série d’erreurs de jugement et d’inattention dont elle aurait dû se rendre compte et ne pas poursuivre sa route», a finalement déploré le juge.
La chauffarde risque maintenant la prison. Les observations sur la peine auront lieu en août prochain.
CE QU’ILS ONT DIT:
«Jour de verdict, jour de deuil. Ce n’est pas plaisant, la victime et l’accusée étaient des grandes amies. Tout le monde se connaissait. On espère que cette décision va mettre un baume sur les blessures des proches et que ça va les aider à avancer dans leur deuil.» –Jade Coderre, procureure de la Couronne
«Ça me fait de la peine pour Stéphanie [Tanguay] et ça me fait de la peine d’avoir perdu mon amie Jasmine.» –Michèle Parsons, la troisième amie présente à l’anniversaire
«L’ensemble des agissements de l’accusée démontre nettement une insouciance déréglée et téméraire à l’égard de sa vie et celle de la victime [Jasmine Charette].» –Le juge Normand Bonin avant de condamner Stéphanie Tanguay
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