Face à Poutine, le Canada en position de faiblesse

Mario Dumont
Justin Trudeau fait un voyage important en Europe et il en profite pour dire et redire à quel point le Canada soutient l’Ukraine. Hier, il donnait aussi des assurances aux pays baltes, des membres de l’OTAN qui sont dans l’arrière-cour immédiate de la Russie. Le Canada est là.
Bien sûr, ce voyage est utile et Justin Trudeau fait son devoir. Et il a raison lorsqu’il rappelle le rôle que le Canada joue dans l’OTAN. L’armée canadienne participe constamment aux missions de l’OTAN, notamment en Europe de l’Est.
Le Canada apporte aussi un soutien moral important. Le pays est bien vu, ni impérialiste, ni belliqueux, mais généralement présent pour faire sa part dans les grands moments. Pensons au rôle des soldats canadiens dans la Seconde Guerre mondiale.
Malheureusement pour monsieur Trudeau, la guerre imprévue déclenchée par Vladimir Poutine révèle au grand jour la faiblesse actuelle du Canada. Notamment sur le plan militaire. Notre premier ministre aura beau multiplier les belles formules et les appuis, la main sur le cœur, ce que le Canada peut faire semble bien limité.
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Guerre mondiale
Plus inquiétant encore, c’est le scénario d’un conflit qui dégénérerait en guerre mondiale. Si cela devait se produire, non seulement l’apport du Canada à la défense du monde libre serait limité, mais nous pourrions vite avoir besoin des autres pour défendre notre territoire.
Le Canadien moyen regarde le conflit en Ukraine en se disant que cette tragédie se produit loin de chez nous. Or cette analyse omet une donnée fondamentale. Le Canada partage une grande frontière avec la Russie. Au nord. Prenez votre globe terrestre et regardez-le par le dessus.
La grande question : le Canada a-t-il la moindre capacité à assurer la protection de sa souveraineté sur les terres et les eaux de cette zone immense ? Ou alors serions-nous entièrement dépendants des États-Unis pour assurer notre défense ?
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Le Nord canadien
Les premiers ministres représentant les trois territoires du Nord canadien s’inquiètent de la défense de leurs gigantesques superficies. Les spécialistes de la géopolitique de l’Arctique ont multiplié les avertissements concernant l’intérêt de Vladimir Poutine pour les ressources et les passages du Nord.
Dans le scénario d’une guerre mondiale, Poutine pourrait être tenté de lancer une offensive au Nord. Le Journal rappelait hier que la Russie maintient maintenant un tiers de son arsenal nucléaire dans les bases militaires du cercle polaire. Elle y fait circuler 40 brise-glace nucléaires afin de contrôler les routes maritimes arctiques la reliant à la Chine. Un contraste avec la faiblesse du Canada.
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Le Canada a sous-investi depuis des décennies dans sa capacité militaire. Une partie des équipements sont désuets et les équipements récents seraient par conséquent surutilisés pour compenser. Hélicoptères, avions, bateaux, on ne compte plus les histoires d’horreur liées au sous-financement de notre armée.
Avec plus d’investissements, le Canada aurait pu être une force militaire. Avec plus de pipelines et de terminaux, le Canada aurait pu être en position de force comme exportateur d’énergie.
Pour l’instant, le Canada fait sa part et essaye d’être une force morale.