Face-à-Face: la pandémie sauve Legault

Depuis quelques jours, la campagne macérait dans les mots mal choisis et les taxes impayées. Le Face-à-Face arrivait comme un heureux événement pour ramener la confrontation des idées sur les débats de fond. 

François Legault s’est toujours présenté dans l’édifice de TVA avec tout à gagner du face-à-face. L’exercice lui avait permis de sauver son parti en 2014 et de consolider un gouvernement majoritaire en 2018. Hier, compte tenu de sa confortable avance, il se présentait avec tout à perdre. Et la certitude d’être attaqué de toutes parts.

Il n’a pas commencé très fort. Il questionnait ses adversaires dans le dessein évident d’éviter d’être lui-même tassé dans le coin. Mais il ne donnait pas de perspective sur ce qu’un deuxième mandat de la CAQ pourrait produire de positif.

C’est vraiment lorsque la gestion de la pandémie fut mise sur le tapis que le chef de la CAQ s’est réveillé. Il a terrassé Éric Duhaime, en rappelant la difficulté de gérer face à l’incertitude d’un virus inconnu et le caractère crève-cœur de décisions douloureuses comme les confinements. Le chef conservateur, qui avait connu une bonne soirée jusque-là, a dû se contenter de répéter ses refrains de liberté.

À la fin de l’exercice, le chef de la CAQ s’en est sorti sans dommages trop importants. Il est aidé par le fait que compte tenu de son équipe et de son expérience, il apparaît comme celui qui a le coffre pour occuper le siège de premier ministre.

Écoutez en balado le Face-à-Face des chefs 2022 qui était diffusé en direct à la radio via QUB radio : 

Duhaime et GND

Les attentes étaient élevées envers Éric Duhaime. Il est un communicateur naturel et un débatteur pugnace. Il n’aura pas beaucoup d’autres occasions d’aller arracher les petits points qu’il lui manque pour faire basculer quelques circonscriptions.

Malgré une nervosité sentie, il a marqué beaucoup de points auprès des clientèles plus à droite grâce à un programme très différencié des autres sur plusieurs sujets. Parler en anglais lors du segment sur la défense du français: non merci!

Gabriel Nadeau-Dubois faisait aussi face à des attentes élevées. Talentueux et impétueux, il a tout pour performer dans le cadre d’un débat. Dans les premières semaines de la campagne, il s’est fait passablement voler la vedette par Éric Duhaime.

Il a été maître de l’image et de la plupart des contenus hier. Il a consolidé ses acquis et s’est positionné comme un chef de l’opposition en devenir. Son programme sur les enjeux de taxation a agi comme un boulet à son pied. GND est bon...mais il se trouve bon. Un peu tannant.

Anglade et PSPP

Dominique Anglade n’a plus de parti en-dessous d’elle. Elle doit tout porter sur ses épaules et ce débat était LE moment pour changer la trajectoire négative. Elle paraît compétente, mais je doute qu’elle ait marqué les esprits et secoué les cœurs.

Paul St-Pierre Plamondon arrivait au débat avec la mission toujours ardue de briller au point de faire bouger l’aiguille de sondages de plusieurs points. Un début de campagne réussi avait au moins créé une curiosité positive à son endroit.

Il a été positif, compétent et pertinent. Il a réussi à insérer la souveraineté de manière intelligente dans le débat. Il pourrait gagner quelques points parmi les souverainistes.

Notes

• Dominique Anglade: 6/10
• Éric Duhaime: 8/10
• François Legault: 7,5/10
• Gabriel Nadeau-Dubois: 8,5/10
• Paul St-Pierre Plamondon: 8/10