Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Face-à-Face: cacophonie et impolitesse

Seule Dominique Anglade, déchaînée comme jamais, enragée même, en jouant de son statut de femme a réussi à freiner les propos des candidats qui l’entouraient.
Seule Dominique Anglade, déchaînée comme jamais, enragée même, en jouant de son statut de femme a réussi à freiner les propos des candidats qui l’entouraient. Photo Martin Chevalier
Partager
Photo portrait de Denise Bombardier

Denise Bombardier

2022-09-16T16:30:00Z
Partager

Les débats télévisés en période d’élections sont à l’image de la société où ils se déroulent. Jeudi soir, le ton et l’agressivité du débat à TVA, où l’on a dû fermer les micros parfois pour faire taire certains candidats qui refusaient de respecter les règles du débat, renvoyaient une image du Québec qui heurtait notre sensibilité et insultait notre intelligence.

Seule Dominique Anglade, déchaînée comme jamais, enragée même, en jouant de son statut de femme, a réussi à freiner les propos des candidats qui l’entouraient. Dans le Québec d’aujourd’hui, les hommes, en particulier ceux qui exercent des fonctions publiques, n’osent pas couper la parole publiquement à une femme politique.

Mes commentaires excluent Paul St-Pierre Plamondon, dont la présence sur le plateau détonnait. Par sa classe et son respect naturel pour ses interlocuteurs. Défendant la souveraineté du Québec avant tout, PSPP se situait hors de ce combat de coqs.

  • Écoutez l'édito de Denise Bombardier à l'émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 8 h 30 via QUB radio :

Publicité

La cible

François Legault était la cible des chefs de parti luttant entre eux pour s’emparer de la fonction de chef de l’opposition. Le premier ministre sortant, assuré, selon les sondages, d’être réélu, donnait le sentiment de vouloir être ailleurs. Les autres chefs de parti, plus jeunes que lui, se disaient sans doute: «Tasse-toi, mon oncle.» Il est donc peu surprenant que François Legault ait semblé plutôt mal à l’aise, voire ennuyé d’être là.

À l’avenir, on saura qu’un débat électoral à cinq personnes est un piège, dans la mesure où, sur des thèmes complexes et souvent techniques, aucun être humain, si doué soit-il, ne peut discuter sans caricaturer ses pensées en deux minutes et demie.

De nos jours, les débats électoraux ont perdu de leur sérieux et de leur contenu au profit de courtes phrases préparées qui doivent être aussi percutantes qu’un clip publicitaire.

À l’ère des réseaux sociaux, des tweets et d’Instagram, on doit s’attendre à devoir repenser ces formules d’échange d’idées et d’affrontements qui durent aussi longtemps (deux heures cette fois-ci) que les films de science-fiction, où le dialogue est limité et bousculé dans une explosion permanente de gadgets technologiques.

Un débat de deux heures doit donc être découpé en un temps éclaté afin de retenir les téléspectateurs. On est loin d’un événement pédagogique intellectuellement nuancé.

Qui veut devenir politicien?

Les candidats sont donc à la merci de leur talent pour manier la langue, de leur tempérament plus ou moins combatif, de leurs convictions plus ou moins changeantes ou de leur rôle de donneur de leçons.

Paul St-Pierre Plamondon s’est révélé un homme respectueux. Il s’exprimait dans une langue élégante et riche, et sa défense de la souveraineté était dépourvue de sectarisme. Inconnu du grand public, il est certainement la révélation du débat.

Éric Duhaime a réussi son objectif d’être légitimé. Il manie la langue en connaissant bien ses ambiguïtés. Il a pu berner des gens qui ignorent ses accointances d’extrême droite.

D’apparence calme, Gabriel Nadeau-Dubois n’a pu contrôler son arrogance et sa fourberie intellectuelle. Il a certainement séduit des jeunes qui rêvent d’en découdre avec les «riches». Cependant, se hissera-t-il au rang de chef de l’opposition?

Nous sommes nombreux à avoir vécu comme un choc cet exercice qui visait à éclairer les électeurs, mais qui a ressemblé à une foire d’empoigne.

Publicité
Publicité