Fabien Major contre Assante: une bataille de 1,6 M$ pour sa clientèle


Julien McEvoy
Le planificateur financier Fabien Major réclame des dommages pour conduite «abusive» à son ancien employeur, qui dénonce ces allégations «dénuées de fondement».
Figure connue de la finance québécoise, celui qui est aussi chroniqueur poursuit la firme où il a travaillé de 2019 à 2024, Assante Capital Management, pour 1,6 million $. Il dit avoir été victime d’une «attaque calculée» contre son intégrité pour s’emparer de sa clientèle après son congédiement.
Selon la requête déposée en juin, le planificateur financier réclame 1 427 807$ en dommages pécuniaires, 170 000$ en dommages moraux et 50 000$ en dommages punitifs.
Les allégations n’ont pas été prouvées devant le tribunal.
Des millions en jeu
Fabien Major dirigeait l’Équipe Major Gestion de capital Assante à Outremont, une succursale gérant 742M$ d’actifs et générant plus de 4M$ de revenus annuels.
En juillet 2024, deux jeunes planificateurs de son équipe, Antoine Chaume et Geneviève Lavigueur, lui ont proposé d’acquérir sa clientèle pour 11,28M$. Major a refusé. Les deux conseillers sont alors partis pour rejoindre la succursale Assante de Brossard.
Selon Fabien Major, Assante aurait par la suite orchestré une campagne de dénigrement, contactant ses clients pour les dissuader de le suivre vers sa nouvelle firme, iA Gestion de patrimoine.
La firme aurait diffusé de «fausses déclarations» suggérant qu’il était sous «enquête» ou «incapable de gérer [ses] dossiers».
Position ferme d’Assante
«Cette réclamation déforme les faits et nous pouvons affirmer avec certitude qu’elle est dénuée de fondement», a répliqué Murray Oxby, vice-président aux communications d’Assante, dans un courriel à La Presse. La firme préfère ne pas commenter davantage comme l’affaire est devant les tribunaux.
Assante soutient avoir agi selon les obligations réglementaires lors de la transition. L’industrie financière impose des règles strictes sur les transferts de conseillers et de clientèle entre firmes, supervisées par l’Organisme canadien de réglementation des investissements (OCRI).
Enjeux plus larges
Ce combat révèle les tensions qui peuvent survenir quand un conseiller change de firme.
«En tant que professionnel financier rémunéré exclusivement par des commissions, le demandeur a subi une perte de revenus due à une perte significative de la clientèle», plaide Fabien Major dans sa requête.
L’issue du litige pourrait établir des précédents sur les pratiques acceptables lors de telles transitions. Les règles actuelles tentent d’équilibrer les droits des conseillers à conserver leurs relations clients avec les obligations des firmes envers la protection des investisseurs.