F1: une première vraie rivalité interne depuis neuf ans
Les pilotes de McLaren Lando Norris et Oscar Piastri sont engagés dans une longue bataille


François-David Rouleau
MIAMI | Il y a neuf ans qu’on n’a pas vu une bataille entre deux coéquipiers au sommet du classement des pilotes en F1. La lutte qui sévit chez McLaren entre Oscar Piastri et Lando Norris s’annonce palpitante pour les amateurs de courses jusqu’à la fin de la saison. Surtout si Max Verstappen peut y ajouter du poivre de cayenne. Les histoires récentes et plus lointaines rappellent aussi qu’une bonne relation peut rapidement s’enflammer et tourner au vinaigre.
Des exemples de l’ère «moderne»?
Lewis Hamilton et Nico Rosberg chez Mercedes de 2013 à 2016.
Hamilton et Jenson Button chez Mercedes en 2012.
Et encore Hamilton, mais cette fois à ses débuts en F1 alors que Fernando était son coéquipier dans une saison explosive chez McLaren en 2007. L’écurie était alors plongée au cœur du scandale d’espionnage qui a changé le visage de la discipline.
À la décharge d’Hamilton lors de son arrivée dans la discipline reine, c’est Fernando Alonso qui n’était pas sur la même longueur d’onde. Avec ses deux titres de champion en poche, il croyait avoir la priorité au sein de l’écurie britannique.
Les deux pilotes avaient remporté quatre victoires chacun et terminé à égalité au second échelon du classement avec 109 points, un petit point derrière le vainqueur Kimi Raikkonen chez Ferrari.

Dénominateur commun
Dans le balado Red Flags, l’ex-pilote écossais David Coulthard a raconté que leur relation s’était vite détériorée alors qu’Alonso croyait avoir droit au traitement préférentiel devant la recrue qu’il aurait complètement sous-estimée.
À son avis, même s’il ne connaît pas tous les détails de la relation entre Norris et Piastri, Alonso estime qu’elle est complètement à l’opposé de la sienne avec Hamilton.
Quelques années plus tard, une autre relation qui était pourtant harmonieuse au départ s’est rapidement envenimée entre Hamilton et Rosberg. Les deux rivaux ont échangé les championnats du monde avant que l’Allemand prenne sa retraite immédiatement après son titre de 2016.
Escalade 2024
De retour à la relation de travail entre Norris et Piastri, elle se veut pour l’instant productive malgré quelques flammèches depuis l’an passé. Des décisions à l’interne chez McLaren et des directives parfois douteuses ont mis un peu d’huile sur le feu, surtout lorsque la victoire était à l’enjeu dans une course.
À Miami l’an dernier, Norris avait procuré un premier sacre à l’écurie britannique en trois saisons. Le premier de six au championnat de 2024 pour ainsi faire naître une rivalité avec Piastri, ponctuée de joies et de frustrations.

Les experts du cirque de la F1 ont rapidement identifié ce duo comme le plus efficace et prometteur du plateau. Tant et aussi longtemps qu’ils s’entendraient, en fait, pour faire progresser l’écurie. Celle-ci a finalement réussi à remporter un premier titre chez les constructeurs depuis 1998.
Si Norris était favori dans ce duo, selon les mots utilisés par le patron Zak Brown dans la populaire série de Netflix Pilotes de leur destin, Piastri change présentement la donne avec ses prestations et sa cadence. Il a gagné trois des cinq courses cette saison pendant que son coéquipier connaît certaines difficultés avec son bolide.
Pour l’équipe
Qu’importe, les deux pilotes se disent toujours sur la même longueur d’onde selon leurs propos en conférence de presse de la FIA, cette semaine. En gardant la pédale au plancher, ils veulent continuer à faire progresser l’équipe en conservant une atmosphère harmonieuse.

Reste maintenant à savoir si l’odeur de la victoire et les objectifs au championnat ne changeront pas la donne.
Piastri veut continuer à gruger de précieux dixièmes de seconde pour signer des positions de tête et gagner des courses.
«Je dois continuer à creuser et travailler, a souligné l’Australien de 24 ans. C’est ce qui fait la différence.»
Norris a applaudi son travail en mentionnant qu’il méritait ces succès. Il veut toutefois vite retrouver sa propre cadence pour tenir le rythme dans cette rivalité naissante.