Explosion à Saint-Roch-de-l’Achigan: trois employés toujours introuvables

La communauté tissée serrée de Saint-Roch-de-l’Achigan vivait des heures d’angoisse hier après une violente explosion qui a soufflé un commerce de distribution de propane, où trois employés manquent toujours à l’appel. 

La Sûreté du Québec fera le point à midi.

«Je n’ai pas réfléchi et je suis parti en courant pour aider une femme qui était prise dans les débris», a raconté au Journal Éric Lizotte, qui vit à environ 400 mètres du commerce Propane Lafortune. 

Il était chez lui en train de déneiger son camion quand il a vu l’immense explosion qui s’est produite peu après 11h dans cette entreprise familiale, située sur le rang de la Rivière Nord, dans Lanaudière.

Éric Lizotte s’y est rendu immédiatement. Sur place, il a tout fait pour sauver la vie de cette femme: «Il faisait tellement chaud que je mettais de la neige sur ma tête pour avancer [...] J’étais environ à deux pieds d’elle quand le toit s’est tout effondré sur elle. Il n’y avait plus rien à faire.»

À ce moment, il a reculé pour ne pas se mettre davantage en danger, d’autant plus qu’il entendait le silement de bonbonnes de propane.

À des kilomètres à la ronde, plusieurs citoyens ont entendu une détonation, suivie de plusieurs autres: «Ça fait un vacarme impossible. Je pensais à un tremblement de terre, car la maison a bougé un peu. Quand j’ai entendu les pompiers et vu le nuage de fumée noire dans le ciel, j’ai compris», décrit Sylvain Trépanier autour d’un café au resto St-Roch. 

Le toit du commerce aurait même été soulevé par la puissance de l’explosion, qui a été suivie d’un violent incendie.

Village ébranlé

Le village d’environ 5400 âmes était bouleversé puisqu’au moins trois employés manquaient à l’appel, selon le bilan en fin de soirée de la Sûreté du Québec (SQ). 

Parmi ceux-ci, on compte Céline Pilon, qui est bien connue et appréciée dans sa communauté, selon plusieurs résidents. 

• Écoutez Alexandre Moranville, journaliste au micro de Mario Dumont sur QUB radio:  

Avant de travailler comme secrétaire pour Propane Lafortune, elle a longtemps possédé un restaurant au village. 

Sylvain Trépanier y a d’ailleurs travaillé pendant 13 ans comme cuisinier. «L’Harmonie, c’était le point de rencontre pour tout le monde. Les gens venaient prendre un café, un déjeuner», raconte-t-il, la gorge nouée par les émotions. 

Des citoyens de Saint-Roch-de-l’Achigan étaient ébranlés hier, ne sachant toujours pas qui se trouvait parmi les victimes.

«Je viens à peine de me calmer, j’étais en état de choc et en larmes. C’est stressant... Qui sont les victimes? Ici tout le monde se connaît, c’est triste», laisse tomber Linda Arsenault, serveuse au bar St-Roch.

Accoudés au bar de l’établissement, les quelques clients présents parlaient tous du drame autour d’une bière. 

«On est en attente, dans la brume. Ces gens, on les connaît peut-être, on a sûrement des liens avec eux, si petits soient-ils. C’est ça la proximité de notre village», explique une résidente de la rue Principale en pelletant l’entrée de sa cour. 

De son côté, Alexandre Mercure, propriétaire du bistro Saint-Ours, n’avait qu’une envie hier soir, peu avant le service du souper: rentrer chez lui et serrer sa famille dans ses bras.

«On a tous un lien quelque part [avec les victimes] ou avec quelqu’un qui est touché par ça», ajoute-t-il. 

Très émotif et avec les larmes aux yeux après le drame, le maire Sébastien Marcil a quant à lui souligné que «ça frappe en plein cœur ce qui se passe.» 

«On va tous devoir surmonter cette tragédie. Une chance qu’on est une petite communauté tissée serrée et que tout le monde s’entraide. On a connu d’autres épreuves, mais j’avoue que celle-là, personne ne l’avait vue venir», poursuit-il.

Évacuation

Des dizaines de pompiers ont combattu les flammes pendant de longues heures, dans le froid et sous une fine neige. Plusieurs citoyens qui ont été évacués de leur maison ont pu trouver refuge à l’église, avant de pouvoir finalement rentrer chez eux, un peu avant l’heure du souper. 

Pour sa part, la famille Lafortune, propriétaire de l’entreprise, a indiqué vivre ses heures les plus tragiques en 60 ans d’activité.

«Nous sommes de tout cœur avec nos employés, leurs familles», a-t-elle commenté par voie de communiqué. 

La SQ enquête présentement pour déterminer les causes de cette tragédie ainsi que pour retrouver les corps des victimes.

•  Écoutez la chronique faits divers de Maxime Deland, journaliste à l’Agence QMI au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio: 

– Avec Francis Pilon et Nicolas Saillant