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L'article provient de TVA Sports
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Expansion dans la LPHF: la ligue avant tout

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Photo portrait de Patric Laprade

Patric Laprade

2025-05-20T22:05:18Z
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Le bilan de saison de la Victoire de Montréal a pris une tournure différente à la lumière de l’annonce des règles dévoilées lundi entourant l’expansion de deux équipes dans la LPHF. 

Au lieu de parler uniquement de la saison et des séries éliminatoires, plusieurs questions ont été posées sur l’avenir de l’équipe et surtout, l’avenir de certaines joueuses.

Mais c’est une réponse de Danièle Sauvageau qui a retenu mon attention.

Questionnée sur l’expansion et ce qu’elle pensait de la réaction négative de certains partisans en lien avec la règle qui permet de protéger seulement trois joueuses par équipe et qui verra chaque formation en perdre quatre, la directrice générale de la Victoire a répondu ceci:

«C’est une ligue à court terme. Il va falloir perdre des joueuses que nous avons développées pour le bien fait de la ligue. Ne sachant pas à quelle vitesse on va ajouter des équipes au sein de cette ligue, il faut être compétitif à court terme. On ne peut pas, comme dans la Ligue nationale, dire qu’on va repêcher pour voir des joueuses performer dans deux ou trois ans.»

«Je peux comprendre les fans, a-t-elle continué. Ils se sont attachés à nos joueuses qui ont et qui vont tellement bien continuer à représenter le hockey féminin même si elles n’auront pas le privilège d’avoir un chandail de la Victoire. Alors, continuons de les encourager, de les apprécier, de les supporter.»

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Il ne faut pas s’attacher!

En d’autres mots, ce qu’on dit aux amateurs des différents marchés, c’est «ne vous attachez pas», ce qui est quand même spécial comme discours. Imaginez le Canadien de Montréal qui demande à ses partisans de ne pas s’attacher à Juraj Slafkovsky et Ivan Deminov!

Parce que c’est une réalité. La Victoire pourrait perdre ses deux premiers choix au dernier repêchage en Cayla Barnes et Jennifer Gardiner. Et peut-être même ces prochains premiers choix.

D’ailleurs, les probabilités sont élevées que la Victoire perde quatre joueuses parmi les six suivantes: Erin Ambrose, Cayla Barnes, Anna Wilgren, Jennifer Gardiner, Kriston O’Neill et Abby Boreen. Sans compter les Mariah Keopple, Kati Tabin et Elaine Chuli qui deviendront joueuses autonomes.

Et c’est bien beau de lancer le message qu’il faut continuer à encourager celles qui quitteront l'équipe au nom du hockey féminin, mais ce n’est pas la réalité des amateurs. Surtout ceux de Montréal.

On veut s’attacher aux joueuses, on veut acheter leur chandail, on veut suivre leur développement et leur parcours.

L’amateur moyen au Québec va suivre «son» équipe et si une joueuse la quitte après un an, il va jeter son dévolu sur une autre. Ou il va tout simplement arrêter de suivre l’équipe si les changements deviennent trop nombreux en peu de temps.

Je comprends l’idée de rendre compétitives les deux équipes de l’expansion, mais je pense qu’une meilleure balance aurait pu être trouvée.

Des joueuses très émotives

L’entrevue la plus difficile à faire lors de ce bilan de saison a certes été la joueuse de défense Erin Ambrose. L’athlète de 31 ans joue à Montréal depuis 2017 et comprend que la réalité de l’expansion pourrait l’amener à jouer ailleurs.

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«Je suis anxieuse de ne plus jouer à Montréal. Je me souviens qu’au repêchage inaugural j’étais anxieuse de savoir où j’allais jouer et j’étais tellement excitée quand Montréal m’a repêchée.»

«Montréal veut dire beaucoup pour moi, a-t-elle ajouté, les yeux pleins d’eau. Faire partie de la Victoire a été un honneur. Je suis arrivé ici au début dans le but de me guérir comme être humain. J’y suis parvenu et ensuite, la ville m’a amené de la joie et c’est devenu ma deuxième maison.»

Son de cloche similaire de la part de l’attaquante Kristin O’Neill.

«C’est un processus qui est très difficile. J’aime ma vie ici à Montréal, je pensais être ici pour trois ans et là rien n’est sûr et c’est un peu épeurant parce qu’on n’est pas habitué à ça comme athlète féminine. On ne veut pas quitter ce marché. Montréal est devenue une maison pour moi et c’est très émotionnel de penser que cette équipe ne sera plus la même.»

Le dernier mot à la ligue

La gardienne Ann-Renée Desbiens aimerait bien demeurer à Montréal elle aussi. Toutefois, elle comprend la réalité d’une ligue professionnelle.

«J’ai toujours rêvé de jouer au hockey professionnel et ça vient avec le territoire. Si je dois faire ma valise et aller quelque part, ça va me faire plaisir de la faire et d’aller jouer dans un autre marché. Dans le sens que c’est ce qu’on voulait. On voulait qu’ils nous traitent de cette façon-là. J’aurais aimé qu’on puisse protéger plus de joueuses, mais c’est la réalité de ce qui nous a été imposé.»

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Imposé est le mot important ici.

Autant en parlant à la représente des joueuses de la Victoire, Laura Stacey, qu’à Danièle Sauvageau, il est clair que même s’ils ont été consultés, ni les directeurs généraux, ni l’association des joueuses n’ont eu le dernier mot ou même un vote sur une proposition finale.

Ce sont les bonzes de la ligue qui ont pris les décisions finales et maintenant, il faut vivre avec de part et d’autre. L’expression «c’est leur décision», en parlant des dirigeants de la ligue, est revenue à plusieurs reprises ce matin.

En vrac

La joueuse de défense Catherine Daoust a confirmé sa retraite, décision prise avant le début de la saison. Après avoir joué une saison complète avec l’équipe, elle n’a joué qu’un match en 2024-25, faisant partie de l’équipe de réservistes.

Si Jennifer Gardiner se gardait une certaine gêne quant à son désir de jouer chez elle en Colombie-Britannique, sa coéquipière Cayla Barnes semble beaucoup plus à l’aise de jouer ailleurs, possiblement sur sa côte ouest-américaine natale. Je serais surpris de la revoir à Montréal.

Les Québécoises Gabrielle David et Kelly-Ann Nadeau ont toutes les deux mentionné qu’elles se sentent prêtes à jouer à temps plein dans la ligue et s’établir dans un nouveau marché n’est pas un problème.

Et finalement, Mariah Keopple a confirmé qu’elle n’était pas à 100% lors des séries éliminatoires, elle qui était blessée à un pied.

Mea Culpa

J’ai récemment accusé Kori Cheverie de ne pas avoir accordé un temps d’arrêt à Marie-Philip Poulin en fin de troisième période du match numéro 2 contre Ottawa.

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Eh bien, lors du bilan de saison, j’ai appris de la bouche de Poulin elle-même que l’équipe n’avait pas le droit de demander ce temps d’arrêt parce qu’elle venait de créer un dégagement refusé.

Sa réponse m’a surpris, mais après vérification, c’est bien le cas. L’équipe qui crée le dégagement refusé ne peut prendre un temps d’arrêt, mais l’autre équipe peut.

À me défense, personne ne le savait.

Aucun de mes collègues sur le «beat» ou encore une ancienne joueuse comme Kim Deschênes à qui j’en ai parlé sur notre balado n’étaient au courant de cette règle. Poulin elle-même ne le savait pas au moment où elle a demandé l’arrêt.

En contrepartie, j’aurais dû être plus rigoureux et vérifier avant. Et pour ceux et celles qui se demandent, dans la LNH, cette règle existe, mais uniquement depuis 2017-18. Ce qui est relativement récent pour quelqu’un, comme moi, qui suis le hockey depuis plus de 40 ans.

Le pire, c’est que la personne que j’ai accusée est en fin de compte la seule qui connaissait pleinement ce règlement.

Ça n’enlève pas ma prise de position sur Kori Cheverie. L’avoir su, j’aurais tout simplement mis l’emphase sur d’autres points dans mon texte. Mais lorsque j’ai tort, je l’admets et je me rétracte. C’est maintenant fait.

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