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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Exclure Trump du G7, pourquoi pas?

Photo d'archives, AFP
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Photo portrait de Pierre Martin

Pierre Martin

2025-04-23T04:00:00Z
2025-04-23T04:05:00Z
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Le premier grand défi international pour le premier ministre que les Canadiens éliront lundi sera d’accueillir, en juin, le 51e sommet des grandes démocraties industrialisées. 

Les candidats sont-ils prêts à gérer les frasques de l’intempestif président américain qui pourrait saboter la coopération entre les grandes démocraties libérales, dont dépendent la sécurité, la prospérité et le progrès à l’échelle globale?

D’où la question que personne n’ose poser tout haut: Donald Trump a-t-il sa place dans un tel sommet?

Fauteur de troubles

On se souvient du fiasco de Charlevoix en 2018, alors que Trump reniait la déclaration finale commune avant même de quitter l’espace aérien du Canada. Cette année, sans les «adultes dans la pièce» qui l’entouraient pendant son premier mandat, on peut s’attendre au pire de sa part.

Les sherpas devront trimer dur pour préparer des terrains d’entente avec un président qui ne montre aucun intérêt pour la coopération avec les autres démocraties libérales.

En fait, le régime Trump est à ce point en contradiction avec le reste du G7 sur les grands enjeux de l’heure et sur les principes qui animent les démocraties libérales qu’il convient de se demander s’il aura sa place à ce sommet.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Les États-Unis isolés

En matière de sécurité, le G7 a toujours défendu le principe de l’inviolabilité des frontières. C’est pourquoi la Russie en a été exclue après ses premières incursions en Ukraine. Aujourd’hui, Trump a pratiquement abandonné le soutien à l’Ukraine contre l’agression russe et il est difficile d’imaginer qu’il puisse jouer un rôle constructif dans l’élaboration d’un consensus à ce sujet d’ici au sommet de Kananaskis.

Le G7 cherche aussi à promouvoir un ordre économique international fondé sur des règles. Que faire avec un gouvernement déterminé à remplacer ces règles par des deals négociés à la pièce avec un président qui peut renier sa signature du jour au lendemain?

Et que dire du respect des libertés fondamentales, qui devrait être une condition incontournable pour faire partie du groupe des grandes démocraties? Les cas de Kilmar Abrego Garcia et d’autres migrants envoyés arbitrairement dans des camps de concentration salvadoriens mettent en doute l’engagement du régime Trump à promouvoir les valeurs qui distinguent les démocraties libérales des régimes autoritaires.

Finalement, faut-il rappeler que Trump se moque éperdument des engagements du G7 en matière d’aide au développement, de changements climatiques, d’équité et d’inclusion?

Exclusion ou autoexclusion

Il est évident que le président américain n’est pas le bienvenu dans un pays qu’il veut annexer. Normalement, l’accès au Canada pourrait être refusé à un criminel condamné comme Trump ou à «un haut fonctionnaire d’un gouvernement ayant commis de flagrantes violations des droits de la personne», mais on n’en viendra probablement pas là.

Somme toute, il serait étonnant que le premier ministre élu lundi prochain convienne avec ses homologues du G7 d’exclure les États-Unis de ce club sélect des grandes démocraties libérales. Il serait néanmoins intéressant de demander aux candidats comment ils entendent relever ce défi.

Fidèle à lui-même, Trump parviendra probablement à s’autoexclure de facto du sommet, ce qui n’augurerait rien de bon pour l’avenir de la coopération entre démocraties à l’échelle globale.

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