Un candidat de Québec solidaire ne pourra pas se présenter aux prochaines élections sous la bannière du parti, parce qu’il a commenté favorablement sur Twitter une chronique de Richard Martineau et qu’il a remis en question certaines positions sur l’identité de genre.  

Raphaël Fiévez, un travailleur social de Montréal, a vu sa candidature dans la circonscription de L’Assomption être annulée, à la suite de discussions avec le parti à la fin du mois dernier. 

Un échange de courriels entre lui et une responsable de la formation, dont nous avons obtenu copie, révèle que le partage sur Twitter de la chronique de Richard Martineau intitulée «Le racisme des Wokes antiracistes», publiée en avril 2021 et qui portait sur un livre de Mathieu Bock-Côté, n’a pas été apprécié. 

«Le problème n'est pas seulement le partage mais le texte que tu as écrit en accompagnement», reproche la responsable du parti à M. Fiévez. 

«Pseudos vertueux»

M. Fiévez avait écrit ceci: «Intéressant article qui met en garde contre ce mouvement grandissant dans divers milieux. Des pseudos vertueux ayant la révélation divine.» 

La responsable accompagne aussi son courriel de la capture d’écran d’un autre partage effectué par M. Fiévez sur Twitter. Il s’agit cette fois d’un texte de nouvelles de février 2021 à propos du ministre caquiste de l’Environnement, Benoit Charrette, qui avait hérité de la responsabilité de la lutte contre le racisme. 

M. Fiévez écrit notamment avec son partage de l’article: «Quelque chose me dit que les “wokes’’ vont critiquer cette nomination.» 

Quant à elle, la prise de position de M. Fiévez sur l’identité de genre qui n’a pas plu à Québec solidaire avait été publiée en février 2021 sur le site Dernière heure, aujourd’hui disparu. M. Fiévez y écrivait: «Des militants “wokes” [voudraient] faire interdire des mots comme “femme’’, ‘‘homme’’, ‘‘fille’’, ‘‘garçon’’ ou encore ‘‘père’’ et ‘‘mère’’. » 

«[Mais] nous ne naissons pas asexués. La nature étant ce qu’elle est, nous naissons, comme tous les animaux, mâles ou femelles.» 

«Nous avons le choix, arrivé à l’âge de raison, d’accepter ce sexe donné ou non», concluait-il. 

Pas de liberté d’expression

En entrevue avec notre Bureau d’enquête, M. Fiévez s’est dit déçu par la tournure des événements. «Si on m’avait dit qu’on m’écartait parce qu’on voulait privilégier un candidat habitant la circonscription, j’aurais compris», affirme-t-il. 

«Québec solidaire dit qu’il souhaite la liberté d’expression et la diversité d’expression, mais si on est un peu divergent ou nuancé, alors ça ne cadre pas avec eux.» 

M. Fiévez est à ce point désappointé qu’il a annulé sa carte de membre du parti. «Les valeurs de base de Québec solidaire me rejoignent, c’est pour ça que je suis allé vers le parti. Mais après avoir vu comment ça fonctionne à l’interne, je suis pas mal déçu.» 

Appelée à réagir, la formation politique a indiqué dans une déclaration par courriel que la candidature de M. Fiévez avait soulevé des doutes lors de la vérification de ses antécédents. 

Écoutez la réaction de Richard Martineau au micro de Yasmine Abdelfadel sur QUB radio :

Des doutes

«Des doutes ont émergé quant à son adhésion aux valeurs de Québec solidaire au cours dudit processus», écrit Rosanne Labelle, coordonnatrice-adjointe de Québec solidaire. 

M. Fiévez n’était donc pas la bonne personne, ajoute-t-elle, «pour représenter le parti dans la circonscription de L’Assomption». 

M^me Labelle reproche aussi des commentaires très critiques de la part de M. Fiévez sur Twitter contre le parti depuis que sa candidature a été écartée. 

Pour le moment, le poste de candidat pour Québec solidaire dans L’Assomption est toujours vacant à quelques jours du déclenchement des élections. 

- avec la collaboration de Marie-Christine Trottier