Examens de fin d’année à l’écran: Québec suspend le chantier après avoir dépensé 3,4 millions $
Le grand virage entrepris pour faire passer tous les examens ministériels à l’écran a été interrompu


Daphnée Dion-Viens
Le grand virage entrepris par le ministère de l’Éducation qui visait à faire passer tous ses examens de fin d’année à l’écran a été suspendu pour une durée indéterminée alors que 3,4 millions $ ont été dépensés pour ce projet jamais déployé, a appris Le Journal.
En juin 2020, le Ministère a publié un appel d’offres d’une durée de cinq ans afin de se pourvoir d’une plate-forme numérique lui permettant de faire passer graduellement toutes les épreuves ministérielles en format numérique, de la quatrième année du primaire jusqu’au cégep, en passant par la formation générale des adultes et la formation professionnelle.
Dans l’échéancier détaillé, on prévoyait que, d’ici 2025, 90 épreuves numériques destinées à 300 000 élèves devaient être disponibles, rapportait alors Le Journal.
Or ce chantier d’envergure a été suspendu en mai 2024, indique le ministère de l’Éducation.
Sur un budget autorisé de 4,7 millions $, 3,4 millions $ ont été dépensés, soit 72% du budget total, selon les chiffres fournis par Québec qui affirme que le projet est maintenant en «réorientation».
Pas de nouvel échéancier
Québec a suspendu le projet «en raison de l’évolution des besoins et dans l’intérêt de s’assurer d’agir efficacement», indique le Ministère dans une réponse écrite.
Sa porte-parole, Esther Chouinard, évoque les «défis que représentait l’étendue du projet et les exigences de celui-ci pour bien répondre aux besoins d’élèves [en] difficultés d’apprentissage».
«Il n’y a pas de nouvel échéancier pour l’instant», précise-t-elle. Des analyses se poursuivent afin de «déterminer la meilleure option à considérer pour la suite».
Les 3,4 millions $ dépensés ont servi à réaliser «des analyses et des mises à l’essai d’épreuves en version numérique».
Gaspillage de fonds publics?
Stéphane Villeneuve, professeur à l’UQAM spécialisé en enseignement numérique, n’est pas étonné dans le contexte actuel. «Avec les déboires de SAAQClic, ils ne veulent pas avoir ce genre de publicité là», dit-il.
La députée libérale Madwa-Nika Cadet est pour sa part préoccupée par les sommes déjà dépensées. «Si on a investi autant de sommes [...] et qu’on n’est pas capable de livrer ce projet-là, ça aura été du gaspillage de fonds publics», affirme-t-elle.
Si Québec décide de poursuivre ce chantier, Mme Cadet s’interroge par ailleurs sur les sommes totales qui devront y être consacrées. «Combien ce projet-là va réellement coûter?» lance-t-elle, sachant que le budget consacré à l’application Clic-École, un projet informatique beaucoup moins complexe, est de 4,4 millions $.
L’objectif de ce grand virage était de faire l’acquisition d’une «plate-forme d’intégration de services» afin de soutenir la conception, la distribution, la passation et la correction des épreuves.
Il s’agit d’un chantier d’envergure qui doit aussi s’arrimer à la réalité du milieu scolaire, ajoute Stéphane Villeneuve. «Est-ce qu’on a des ordinateurs pour que tous les élèves soient capables de faire leur examen en numérique? Est-ce qu’il va y avoir eu des pratiques à l’écran pendant l’année scolaire? Il y a plein de variables à considérer pour ne pas avoir une catastrophe comme on [a pu le voir] avec une autre plate-forme numérique», affirme-t-il.
Examens à l’écran: un chantier interrompu
- Budget autorisé: 4,7 millions $
- Somme dépensée: 3,4 millions $
Le projet a été suspendu en mai 2024.
Source: ministère de l’Éducation.
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