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L'article provient de Le Journal de Québec
Affaires

Signaux d’alarme chez Celsius bien avant l’investissement de la Caisse

Un rapport révèle d’autres infos troublantes sur la firme soupçonnée de fraude à la Ponzi

Le fondateur et ancien PDG de la « cryptobanque » Celsius Network, Alex Mashinsky, en début d’année 2021. Il était alors une figure très en vue de Wall Street.
Le fondateur et ancien PDG de la « cryptobanque » Celsius Network, Alex Mashinsky, en début d’année 2021. Il était alors une figure très en vue de Wall Street. Capture d'écran tirée du compte Twitter de Alex Mashinsky
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Francis Halin et Jean-François Cloutier

2023-02-01T13:46:43Z
2023-02-02T03:05:48Z
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La Caisse de dépôt et placement du Québec a misé, en 2021, 200 millions de dollars sur une firme de cryptomonnaie mal gérée, alors qu’il y avait déjà depuis longtemps des signaux d’alarme préoccupants.

• À lire aussi: Le chef des risques de la Caisse annonce sa retraite après le fiasco des cryptomonnaies

• À lire aussi: Cryptomonnaie: le fondateur de Celsius, Mashinsky, poursuivi pour fraude

Un rapport de près de 700 pages déposé cette semaine dans le cadre des procédures d’insolvabilité de la compagnie Celsius donne de nouveaux détails troublants sur la façon dont était gérée la firme de cryptomonnaie.

Le document cinglant jette une lumière crue sur la firme et soulève la question une fois de plus à savoir comment la Caisse a bien pu placer autant de millions en 2021 dans l’entreprise décrite par plusieurs comme une chaîne à la Ponzi.

« Elle se sentait obligée »

« La Caisse a voulu investir dans un truc où elle se sentait obligée d’aller parce que c’était un monde qui s’ouvrait, les cryptomonnaies », estime Luc Bernier, professeur en affaires publiques et internationales à l’Université d’Ottawa.

« Il y avait de gros problèmes de gouvernance. On ne parle pas de niches ou de petites choses. Les problèmes étaient majeurs : comptabilité pas claire, système de gestion des risques absent, information difficile à obtenir » se désole Ivan Tchoutourian, professeur en droit à l’Université Laval.

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Selon le rapport de l’ex-procureure Shoba Pillay, il n’y avait chez Celsius aucune politique du risque avant la fin de 2020. Il n’y avait aucune substance dans la gestion de risques jusqu’au début de 2021. Et il n’y avait aucune politique de gestion des risques écrite avant 2021.

« Celsius n’a employé aucun fiscaliste spécialisé pendant les trois premières années de son existence », observe-t-elle notamment.

Deux signataires à la Caisse

Ces derniers jours, Le Journal a mis la main sur un document de cour montrant que l’entente signée entre la Caisse et Celsius a été ratifiée par deux cadres supérieurs représentant le bas de laine des Québécois.

On y voit que c’est Mathieu Provost, premier directeur, capital de risque de la Caisse et Thomas Birch, son vice-président, capital de risque et technologies, qui ont apposé leur signature.  

Tom Birch et Mathieu Provost, deux dirigeants de la Caisse qui ont signé l’entente d’investissement de 200 millions $ avec Celsius.
Tom Birch et Mathieu Provost, deux dirigeants de la Caisse qui ont signé l’entente d’investissement de 200 millions $ avec Celsius. Photos courtoisie

En juillet, Le Journal avait rapporté que Thomas Birch a déjà dirigé une firme dans laquelle l’ex-PDG de Celsius, Alex Mashinsky, a investi, mais la Caisse avait assuré qu’« il n’y avait aucun conflit d’intérêt réel ou apparent ».

Le Journal n’a pas pu s’entretenir avec eux, mercredi. 

Jointe par Le Journal, la Caisse a dit prendre connaissance du rapport.

« Nous réservons tous nos droits à l’égard de tout élément d’intérêt ou de représentations fausses et trompeuses qui pourrait être révélé dans le cadre des processus judiciaires et des enquêtes présentement en cours », a affirmé par courriel une porte-parole, Kate Monfette.  

Celsius n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue. 

DES SIGNES INQUIÉTANTS DÈS 2018 

  • Selon une poursuite de l’État de New York contre le patron de Celsius, Alex Mashinsky, dès 2018, celui-ci était engagé dans un stratagème pour frauder des centaines de milliers d’investisseurs. 
  • Le nombre d’investisseurs était exagéré dès 2019. Les deux tiers des clients avaient moins de un dollar dans leur compte, selon le recours de l’État de New York. 
  • Celsius utilisait un logiciel de comptabilité QuickBooks destiné à des PME et inadéquat pour ses opérations, selon le rapport dévoilé cette semaine. 
  • En janvier 2021, un cadre supérieur de Celsius a dit dans une communication interne que son titre devrait être « consultant en Ponzi » (disant plus tard que c’était une blague de mauvais goût).
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