Évacuation d’urgence du campement Notre-Dame
Agence QMI
Une évacuation d’urgence était en cours dimanche après-midi au campement de Notre-Dame, où plusieurs policiers et pompiers tentaient de convaincre les campeurs de quitter les lieux une fois pour toutes.
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Cette évacuation a été ordonnée au lendemain d'un incendie qui avait complètement réduit en cendres une tente, samedi, sans faire de blessé.
Le maire de l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, s’est rendu au campement afin de gérer la situation.
«L’ordre d’évacuation urgente, elle est décidée par le Service [de sécurité] incendie de Montréal. Ce n’est pas une décision politique. [...] Ils ont une autonomie et une indépendance pour déclarer un avis d’évacuation urgente, et c’est ce qui se passe aujourd’hui», a déclaré M. Lessard-Blais en entrevue à TVA Nouvelles.
Une précédente opération pour encourager les campeurs à quitter les lieux pour se tourner vers d'autres ressources d'aide avait partiellement réussi, plusieurs itinérants ayant décidé de plier bagage, a rapporté la porte-parole du cabinet de la mairesse de Montréal, Catherine Cadotte.
Selon une déclaration de la mairesse de Montréal Valérie Plante diffusée au moment de l’opération, la «mise à l’abri volontaire et solidaire» des dernières semaines a permis de réduire de plus de moitié le nombre de tentes présentes sur le site, passant de 123 à 58.
«Mais l’incendie survenu samedi est non seulement très préoccupant, il aurait pu être tragique et entraîner des décès, a-t-elle déclaré par voie de communiqué. Comme administration municipale, nous avons la responsabilité d’assurer la sécurité de nos concitoyennes et concitoyens, nous allons donc faire le nécessaire pour loger les campeuses et campeurs dans un endroit sécuritaire dès maintenant.»
Plusieurs incidents en lien avec du matériel chauffant ont été déclarés au cours des dernières semaines, et non seulement l’incident de samedi impliquant la tente carbonisée.
Récalcitrants
En plus des pompiers et des policiers, des représentants du ministère des Transports étaient aussi sur place afin de demander aux occupants de site de quitter les lieux.
Certains comptaient cependant défier les autorités et demeurer sur place.
«Ils sont venus nous avertir pour qu’on déménage, finalement [...]. Je pense qu’il y a un refus global, directement, parce qu’ils sont venus sans papiers, sans mandat, sans rien, puis ils veulent nous mettre dans [...] des endroits où on va tous se sentir inutiles, on va juste attendre que l’hiver passe pour retourner là où on était. On préfère rester ici s’entraider, tout le monde se sent un peu utile, il y a une cantine, il y a même plein de gens qui arrivent pour nous aider» a indiqué à TVA Nouvelles Paul, un sans-abri qui a expliqué que de vivre dans le campement lui «donne une raison de se lever le matin».
Ressources hivernales
Les ressources offertes aux itinérants ont été augmentées en vue de l’hiver prochain, qui s’annonce particulièrement difficile en raison de la pandémie. La Ville a rappelé dans son communiqué que les ressources ont été doublées par rapport à l’hiver dernier, avec 400 lits d’urgence de plus et neuf haltes-chaleur.
Une équipe d’intervenants sociaux a été mobilisée pour accompagner les sans-abris vers la halte-chaleur CAP-CARE, située dans l’ancien YMCA de l’arrondissement, ainsi qu’au refuge à l’hôtel Place Dupuis, opéré par Mission Bon Accueil, près du centre-ville.
«C’est l’échec de tout un système qui mène au démantèlement du campement Notre-Dame aujourd’hui», a déclaré par communiqué Alexandre Leduc, député solidaire de la circonscription.
«Un campement de personnes itinérantes qui n’est pas conforme aux normes de sécurité d’incendie? Quelle surprise. Lorsqu’ils seront dispersés dans des endroits moins visibles, est-ce que les campeurs itinérants seront plus en sécurité? J’en doute.»
Alexandre Leduc a invité le gouvernement du Québec à s’engager à prendre des «mesures structurantes pour répondre à la crise du logement» afin d’empêcher que d’autres gens basculent vers l’itinérance.
L'évolution du campement
Le campement de sans-abris qui s’est progressivement installé au cours de l’été aux abords du boulevard Notre-Dame, dans l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, a finalement été évacué de peine et de misère par des pompiers et policiers de la Ville dimanche après-midi.28 juillet : Un premier article du «Journal de Montréal» rapporte qu’une «dizaine» d’itinérants avaient érigé un campement de «huit» tentes sur le site.
«Entre un refuge et un camping, honnêtement, je préfère le camping», avait alors déclaré l’un d’entre eux. Certains médias rapportent que les premières tentes y étaient visibles depuis la mi-juillet.
6 août : Le journal «Métro» explique dans un reportage qu’une vingtaine de «mini-campements» étaient désormais installés sur les lieux. Le parti d’opposition à la Ville, Ensemble Montréal, dénonçait une «crise humanitaire sans précédent».
19 août : Un reportage du «24 Heures» fait état de «dizaines de tentes» sur le site. «Au fur et à mesure que les ressources vont se transformer, le campement va tranquillement disparaître en tant que tel», a expliqué la mairesse Valérie Plante.
21 août : Une pétition pour sauver le campement voit le jour après une annonce récente de la mairesse exprimant son intention de démanteler le campement au plus tard le 31 août, soit dix jours plus tard.
25 août : Le «Devoir» rapporte qu’une «quarantaine» de tentes sont installées sur le bout de terrain appartenant au ministère des Transports du Québec. Les occupants déclarent n’avoir aucunement l’intention de quitter.
27 août : Valérie Plante promet que le campement ne sera pas démantelé de force, et annonce le jour même l’ouverture de trois sites d’hébergement d’urgence, représentant 850 chambres, invitant par le fait même les itinérants du campement à s’y diriger.
28 août : Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) s’oppose au démantèlement du campement.
1er septembre : Au lendemain de l’ultimatum de la mairesse, les campeurs sont toujours bien en place. La veille, une cinquantaine de citoyens ont manifesté pour venir en appui à ceux-ci.
9 septembre : Le journal «Métro» dénombre 14 nouvelles tentes en une semaine, pour un total de 74. La veille, une campagne de sociofinancement pour fournir des tentes est lancée
14 septembre : le FRAPRU déclare que le campement de Notre-Dame et les autres campements de plus petite taille à travers la ville sont «du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale».
29 octobre : Avec l’arrivée du temps froid, Montréal se sert d’une enveloppe d’urgence fournie par Québec pour convertir l’Hôtel Dupuis, au centre-ville, en refuge. Le nombre de tentes a continué en augmentant pendant l’automne.
24 novembre : Montréal lance une «mise à l’abri solidaire» avec des intervenants pour convaincre les sans-abris à joindre des ressources. «Pour moi, l’idée du "bulldozer" ne sera jamais la solution; ni la force. L’idée, c’est d’en arriver à un compromis», avait indiqué la mairesse. Une soixantaine de tentes sont toujours sur place, selon le «24 Heures».
Les incidents sur le campement, dont des incendies, du voyeurisme, de l’exhibitionnisme et des vols ont fait l’objet d’un article dans le «24 Heures».
5 novembre : Un incendie réduit en cendres une tente. Après un certain nombre d’incidents du genre, en plus de vols et de voyeurisme dans le voisinage, l’incendie est l’événement le plus grave à être survenu sur le site depuis l’installation du campement.
6 décembre : Le Service de sécurité incendie, accompagné de policiers du SPVM, tente de convaincre les campeurs de quitter les lieux. L’opération est qualifiée comme une «évacuation d’urgence» par la Ville.
Le cabinet de la mairesse a affirmé dimanche que le nombre de tentes est passé d’un sommet de 123 tentes au courant de l’année à 58 dimanche.



















