Aviation à bas prix: Eugenie fait équipe avec Flair
La joueuse de tennis s’associe au transporteur afin de conquérir les Québécois
Olivier Bourque
Prix qui défie la concurrence, ambassadrice choc en la personne d’Eugenie Bouchard, nouveaux avions et uniformes, la compagnie à bas coûts Flair Airlines joue visière levée. Elle veut conquérir le marché québécois.
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PDG de Flair Airlines
« Nous sommes la compagnie avec la croissance la plus rapide. Montréal est une ville fabuleuse et très importante pour nous. Ça fait deux mois que nous sommes ici. Nous voulons agrandir notre présence », a souligné le grand patron, Stephen Jones, en entrevue avec Le Journal.
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Flair assure déjà des liaisons à partir de Montréal vers les grandes villes canadiennes comme Toronto, Halifax ou Vancouver depuis plusieurs semaines. À partir d’octobre, la compagnie aérienne ajoutera des destinations soleil comme Fort Lauderdale ou Orlando.
« Nous voulons donner un bon prix aux Canadiens. Ils payent trop cher depuis trop longtemps. Et nous voulons changer cela et permettre à tous de voyager et prendre l’avion », assure M. Jones, un Néo-Zélandais qui a déjà travaillé chez Wizz Air, une autre compagnie à bas prix.
Attirer puis fidéliser
De fait, Flair affiche une politique de prix très agressive afin d’attirer et fidéliser une clientèle qui veut payer moins cher.

En septembre, un vol aller simple de Montréal vers Toronto était vendu 69 $ sur le site de la compagnie aérienne. Pour Vancouver, il en coûtait 189 $.
Selon la joueuse de tennis Eugenie Bouchard qui a décidé de s’associer à la compagnie aérienne, Flair va changer la dynamique de prix au Canada.
« On mérite mieux que cela. Un vol vers Toronto, ça ne devrait pas coûter 500 $. Moi j’ai beaucoup voyagé, mais il y a plusieurs gens qui ne peuvent le faire en raison du prix. On veut leur donner la chance », a-t-elle affirmé, après un vol entre Toronto et Montréal où elle a signé des balles de tennis et participé au lancement d’un nouvel uniforme.
Mais selon le spécialiste du secteur aérien, Mehran Ebrahimi, la clientèle pourrait déchanter lorsqu’elle volera sur les ailes de Flair.
Peu de services
« Moi je pense que ça va attirer une catégorie de personnes qui s’attendent à très peu à bord. On est dans la période de charme, mais les gens vont vite réaliser qu’ils ont très peu de services, même s’ils veulent respirer à bord, il faudra payer », a-t-il ironisé.
M. Ebrahimi croit toutefois qu’il y aura une guerre de prix sur certaines liaisons au Canada et aux États-Unis au bénéfice du consommateur.
« Il y aura une réduction pour ce type de trajets. Flair vient brouiller les cartes. Pour un trajet Montréal-Toronto, certains clients n’ont pas besoin de beaucoup de services », estime-t-il.
Flair Airlines, une aventure éphémère ou au long cours ?

Plusieurs compagnies aériennes à bas coûts ont fait faillite lors des dernières années, notamment Wow Air qui assurait des liaisons à partir de Montréal vers l’Islande et l’Europe. Flair Airlines subira-t-elle le même sort ou pourra-t-elle tirer son épingle du jeu ?
Selon Mehran Ebrahimi, professeur de management à l’UQAM et spécialiste du secteur aérien, il y a un alignement des astres pour l’implantation d’une compagnie comme Flair dans le secteur aérien canadien.
« Le meilleur moment pour exploiter une compagnie aérienne, c’est maintenant. Flair a réussi à mettre la main sur des avions moins chers. Il y a des pilotes qui sont au chômage et qui veulent revenir travailler. Et les coûts des créneaux dans les aéroports sont moins dispendieux en raison de la pandémie », croit-il.
De fait, le patron de Flair, Stephen Jones, affirme que les compagnies à bas prix ont mieux réussi à passer à travers la pandémie comparativement aux gros joueurs qui ont eu besoin de l’aide de l’État.
« Nous avons connu une période terrible, mais les low cost s’en sont bien tirés. L’important pour nous est de conserver les coûts sous contrôle, et à ce moment, on peut faire de l’argent », a-t-il assuré au cours d’une entrevue avec Le Journal.
Des Hausse de prix à venir ?
Mais selon M. Ebrahimi, Flair devra augmenter ses prix ou ajuster son modèle d’affaires si elle veut perdurer dans le marché.
« Je ne vois pas comment on peut avoir des vols Montréal-Vancouver à 79 ou 100 $ », se demande-t-il.
« Ils sont dans une situation de séduction. Je crois qu’ils volent à perte actuellement et ils le font pour attirer la clientèle, s’installer, prendre des parts de marché. Et après on va trouver des astuces pour monter les prix. Peut-être pas le prix de base, mais on pourrait augmenter les tarifs sur les bagages enregistrés comme Ryanair l’avait fait », conclut-il.








