Étude en partie menée au Québec: la malbouffe associée à un risque de dépression


Dominique Lelièvre
Une étude internationale, réalisée en partie au Québec, vient de mettre en évidence un lien «préoccupant» entre la consommation d’aliments ultratransformés et un risque important de dépression chez une partie des adultes.
Entre 2021 et 2023, plus de 15 000 personnes, dont 500 au Québec, ont participé à une enquête en ligne. On les a sélectionnées car elles n’étaient pas reconnues comme souffrant d’une maladie chronique ou d’un trouble de santé mentale.
Chez les jeunes adultes de 18 à 34 ans, la consommation d’aliments ultratransformés a été associée à un risque 21% plus élevé d’être dépressif.
«On est allé voir s’il y avait des groupes d’aliments qui se retrouvaient associés à plus de symptômes dépressifs», explique le Dr Sylvain Iceta, médecin psychiatre et chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec – Université Laval, qui a dirigé le volet québécois de l’étude.
Des aliments à éviter
«Le groupe qui était le plus associé à des symptômes dépressifs, (...) c’était [lié à] la consommation d’aliments qu’on appelle ultratransformés: les fast-food, les plats préparés. Tous ces aliments qui sont finalement à plus faible teneur nutritionnelle», dit-il.
Ce constat était indépendant d’autres facteurs de risque comme l’obésité, le tabac ou le fait de ne pas faire d’activité physique.

On note par contre des variations importantes selon le groupe d’âge et le sexe des répondants. Passé 35 ans, le lien entre l’alimentation et la dépression est moins évident chez l’homme, alors que pour les femmes, il persiste et tend même à s’accentuer avec l’âge: +30% entre 35 et 54 ans et +41% après 55 ans.
Les croustilles, la nourriture frite, les viandes transformées, la restauration rapide ou industrielle seraient ainsi à éviter.
À l’inverse, des aliments sains comme les fruits, noix, amandes, légumes verts, l’huile d’olive et les pains à base de grains entiers ont été associés à un risque moindre de dépression chez les femmes.
Pistes d’explication
Cette différence entre les genres reste un mystère au terme de l’exercice, car la méthodologie ne permettait pas de fournir de réponses à ce sujet. Elle n’établit pas non plus de lien de causalité: «La dépression fait aussi mal manger», note le Dr Iceta.
Les auteurs ont par contre remarqué qu’une meilleure «connaissance nutritionnelle», du côté du genre féminin, était bénéfique. Peut-être est-il «plus exposé au stigma et à l’information nutritionnelle que le genre masculin», avance le chercheur.
Pour ce qui est de l’association entre malbouffe et dépression, une partie de l’explication pourrait se trouver dans ses effets sur la santé, comme l’inflammation chronique et l’appauvrissement de la flore intestinale.
«Manger mieux, bouger mieux», voilà la leçon qu’on peut en tirer, affirme le spécialiste.
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