Éthique: l’ex-PDG de la Caisse de dépôt Michael Sabia était prêt à fermer la filiale Otéra
Il témoigne lundi en Cour supérieure


Jean-Louis Fortin
L’ex-grand patron de la Caisse de dépôt et placement Michael Sabia était prêt à fermer la filiale Otéra Capital en 2019, lorsque des reportages de notre Bureau d’enquête ont montré qu’elle était minée par des problèmes éthiques.
• À lire aussi: C’était le bordel à la Caisse de dépôt et placement du Québec
• À lire aussi: Le PDG d’une filiale de la Caisse de dépôt contrôlait en même temps une compagnie de construction
«Si nous avions dû fermer Otéra, nous étions préparés à le faire», a lancé lundi matin en Cour celui qui a été PDG de la Caisse pendant une décennie jusqu’en janvier 2020.
Michael Sabia témoigne dans le cadre de la poursuite de 7 M$ pour congédiement abusif intentée contre la Caisse par Alfonso Graceffa, qui était à l’époque PDG d’Otéra Capital.
Graceffa a été renvoyé notamment pour avoir reçu une enveloppe de 15 000$ dans son bureau de la part d’un individu au passé criminel, et pour s’être placé en situation de conflit d’intérêts en lien avec des investissements de l’organisation qu’il dirigeait.

C’est en mai 2019, après avoir reçu le rapport d’une enquête à 5 M$ qu’il avait commandé à une firme externe d’avocats à la suite de nos reportages, que Michael Sabia dit avoir décidé «qu’Otéra resterait une filiale de la Caisse».
«Les enquêteurs n’avaient trouvé aucune preuve de blanchiment d’argent et fraude», a-t-il expliqué pour motiver sa décision.
Par contre, la Caisse a renvoyé quatre personnes, dont M. Graceffa ainsi que Martine Gaudreault, une vice-présidente chez Otéra qui opérait des activités parallèles de prêt privé, et dont le conjoint avait été relié à la mafia.
La confiance des Québécois
Devant le juge Andres Garin de la Cour supérieure, Michael Sabia est revenu sur l’onde de choc qui a frappé la Caisse lorsqu’elle a découvert que certains de ses cadres avaient l’éthique élastique.
«Le mandat de la Caisse de dépôt est de gérer des centaines de milliards des économies des Québécois. [...] Leur confiance en la Caisse, en la façon dont nous faisons les choses, en les valeurs que nous avons, est fondamentalement importante», a affirmé M. Sabia.
«Les liens de confiance [avec les Québécois] sont l’actif le plus important que nous avons à la Caisse», est même allé jusqu’à dire celui qui est maintenant sous-ministre au ministère des Finances à Ottawa.
Code d’éthique
Michael Sabia a également affirmé que lorsqu’il était PDG de la Caisse, il n’était pas impliqué dans les discussions sur le Code d’éthique de la filiale Otéra, spécialisée dans le prêt immobilier commercial et qui gérait près de 14 G$ de l’argent des déposants.
«Ça relevait principalement de l’organisation elle-même, surtout de son conseil d’administration [...] Ce genre de dossiers ne remontait pas jusqu’à moi», a soutenu le témoin.
La modernisation du Code d’éthique chez Otéra, pour l’amener aux standards du 21e siècle, a fait partie des principaux changements en 2019 à la suite de la tempête qui a frappé la Caisse.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.