Êtes-vous allergique à la pénicilline? Probablement pas, selon cette étude internationale

Vous vous croyez allergique à la pénicilline depuis votre tendre enfance? C’est probablement faux, selon une étude internationale, qui révèle que 95% des cas sont dans l’erreur. Un simple questionnaire peut vous aider à savoir si c’est votre cas. 

Le plus souvent, l’allergie à la pénicilline a été diagnostiquée très tôt dans la vie à cause d’une éruption cutanée du bébé à la suite de l’absorption du médicament, et n’a jamais été remise en question. 

«Cette situation peut mener à des échecs de traitements, des hospitalisations non justifiées et une augmentation importante des coûts en soins de santé», indique la première auteure de l’étude, la D^re Ana-Maria Copaescu, chercheuse associée au sein du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.  

L’étude scientifique parue dans la prestigieuse revue JAMA le 17 juillet et menée dans trois pays a conclu qu’un seul des 382 adultes qui se croyaient allergiques à la pénicilline l’était réellement et qu’un test rapide pourrait permettre aux faux positifs de recevoir des traitements de cet antibiotique très efficace.  

Dès l’enfance 

C’est souvent dès la petite enfance que la méprise s’installe... pour ne plus jamais être remise en question par la suite. «C’est vrai que de nombreux cas d’allergie à la pénicilline sont confondus avec de simples effets secondaires du médicament à la première dose», confirme la Dre Caroline Quach, pédiatre au CHU Sainte-Justine.  

Des irritations de la peau parfois sévères et une diarrhée, par exemple, peuvent être des conséquences de l’absorption d’une molécule nouvelle sans être le symptôme d’une allergie innée.  

De plus, parmi les personnes véritablement allergiques à la pénicilline, 80% finissent par perdre leur sensibilité au médicament après dix ans.  

Résistance aux antibiotiques

Daniel Thirion, professeur à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal et spécialiste des maladies infectieuses, signale que le phénomène n’est pas nouveau. Un simple questionnaire (voir plus bas), comme celui qui a été utilisé dans l’étude, suffit en général pour vérifier s'il y a allergie. «De très nombreuses personnes à qui on demande à quand remonte leur dernière réaction allergique ne sont pas capables de s’en souvenir, ni même d’évoquer un effet précis», soutient-il. 

À son avis, cette méprise a de nombreux impacts non seulement à l’échelle individuelle (remèdes moins efficaces et souvent plus toxiques, hospitalisations, etc.), mais aussi sur le plan de la résistance aux antibiotiques. «C’est un problème très important dans nos hôpitaux, et qui continue de prendre de l’ampleur», signale-t-il. 

Malheureusement, le phénomène des fausses allergies à la pénicilline «n’est pas assez connu chez les médecins généralistes et dans la population en général», confie l’allergologue Copaescu.   

Résistance aux antibiotiques 

À noter: l’étude regroupait des patients du Canada et de l’Australie qui souffraient de la forme la plus courante d’allergie, et non des cas les plus sévères. Jason Trubiano, directeur du service des maladies infectieuses et du Centre for Antibiotic Allergy and Research à Austin Health, en Australie, qui a dirigé l’équipe, a fait savoir par communiqué que la nouvelle approche permettra de «prescrire l’antibiotique bénéfique qu’est la pénicilline à plus de 90% des patients qui passeront le test».  

Découverte il y a près d’un siècle, en 1929, la pénicilline demeure l’un des meilleurs antibiotiques disponibles en pharmacie.  

L’allergie à la pénicilline représente une préoccupation de santé publique, un patient sur dix étant déclaré y être allergique. Pourtant, l’Institut de recherche sur la santé publique du Québec n’a aucune expertise sur le sujet, et a rejeté notre demande d’entrevue. 

Les trois questions du Pen-fast

Veuillez associer un pointage à chacune des questions suivantes. 

1. Avez-vous eu une réaction à la pénicilline depuis cinq ans? Non (0) Oui (2 points) 

2. Avez-vous ressenti l’un des effets suivants: choc anaphylactique, angio-œdème ou réaction cutanée sévère? Non (0); oui (2) 

3. Est-ce que la réaction a nécessité un traitement? Non (0) oui (1)   

À voir aussi :