États financiers 2024: des surplus de 98,3 M$ à la Ville de Québec
Taïeb Moalla
En 2024, la Ville de Québec a enregistré des surplus de 98,3 M$, un record depuis la pandémie. Cela lui permettra d’investir davantage d’argent dans le logement social, dans la pérennité des infrastructures et dans le remboursement accéléré de la dette.
C’est ce que l’administration Marchand a fait savoir mardi matin en point de presse, lorsqu’elle a dévoilé ses résultats financiers du 31 décembre 2024.
«La Ville de Québec est en bonne position financière malgré l’incertitude économique qui prévaut à l’échelle nationale et internationale. [...] C’est une bonne nouvelle qui nous sécurise pour l’année 2025 et les suivantes», s’est félicité Luc Monty, directeur général de la Ville de Québec.
Le surplus s’explique en bonne partie par la vigueur du marché immobilier à Québec, qui a été stimulé par la baisse des taux d’intérêt.
La Municipalité a ainsi touché 41,6 M$ de plus que prévu en droits sur les mutations immobilières en 2024 par rapport à 2023. En un an, 1000 actes de vente de plus ont ainsi été conclus.
Rappelons d’ailleurs que les paliers de la taxe de bienvenue ont été augmentés au même moment.
Aussi, la vente d’actifs immobiliers, notamment au centre de tri, a fait entrer 18,3 M$ de plus que programmé dans les coffres de la Ville.
L’administration Marchand a insisté sur le fait que «le niveau de taxation est bon», soulignant qu’elle a touché 10 M$ de moins que prévu de revenus de taxes en 2024.
Le maire Marchand a d’ailleurs affirmé qu’une utilisation des excédents pour faire baisser les taxes municipales aurait «pué l’électoralisme».
Moins cher que prévu
Du côté des dépenses, les opérations de déneigement ont finalement coûté 9,9 M$ de moins que prévu; les charges de l’employeur, 20,4 M$ de moins.
Le taux de cotisation à la CNESST par exemple a diminué, car moins d’accidents de travail sont survenus. Cela améliore automatiquement la cote d’assurance, a expliqué M. Monty.
L’argent ainsi dégagé permettra à la Ville d’investir davantage dans le logement social (25 M$), dans la pérennité des infrastructures (10 M$) et dans la réduction de la dette (5 M$).
«L’obsession» de la dette
Comme Le Journal le révélait lundi, la Ville consacrera 5 M$ de plus que prévu afin de rembourser sa dette plus rapidement.
Bruno Marchand, maire de Québec, a avoué qu’il fait de l’enjeu de la dette une véritable «obsession» pour limiter les frais d’intérêt et pour montrer aux contribuables «qu’[ils] gère[nt] leur argent comme la prunelle de [leurs] yeux».
Selon lui, «ce serait plus facile de prendre cet argent et de l’annoncer sur un projet». Mais il a préféré faire le choix de faire baisser la dette et de maintenir un cadre financier «rigoureux».
Dans les documents dévoilés mardi, on découvre que les dépenses pour le tramway en 2024 ont été de 58,7 M$, soit beaucoup moins que les 310 M$ prévus initialement.
La mise sur pause momentanée du mégaprojet par le gouvernement Legault à la fin de 2023 est responsable de cette situation, a-t-on expliqué.
D’autre part, M. Monty s’est montré confiant quant à la capacité de la Ville de Québec de ne pas voir sa cote de crédit baisser, même s’il est impossible, à ce stade-ci, d’avoir une telle garantie.
La cote de crédit de la Municipalité est partiellement adossée à celle du gouvernement du Québec, qui a récemment vu la sienne être revue à la baisse par l’agence Standard & Poor’s.
Les oppositions parlent de «chance»
Appelé à réagir, Claude Villeneuve, chef de Québec d’abord, a affirmé mardi midi «qu’[ils ont] été très chanceux» d’avoir ces surplus.
À ses yeux, les excédents s’expliquent par la baisse des coûts d’énergie, par l’hiver clément, qui a permis un budget de déneigement frugal, et par la vente des Galeries de la Capitale, qui a fourni 11,2 M$ à la Ville en droits sur les mutations.
«Pourquoi les services aux citoyens ne s’améliorent pas?» s’est-il demandé tout en reconnaissant que les finances de la Ville «continuent de bien aller».
De son côté, Stevens Mélançon, chef par intérim d’Équipe priorité Québec, a parlé d’un «coup de chance» qui aurait permis d’obtenir ces surplus.
«L’argent rentre à pleines portes à la Ville de Québec, a-t-il constaté. Le maire a une conjoncture exceptionnelle, mais ça ne se reflète pas sur le compte de taxes des citoyens.»
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