État de santé très précaire: Robert Miller ne subira jamais son procès

Le Tribunal vient d’ordonner un arrêt des procédures dans les dossiers du milliardaire Robert Miller, accusé de crimes sexuels sur 11 victimes, dont plusieurs mineures, en raison de sa maladie de Parkinson.

«Il serait incapable de participer adéquatement à son procès et les procédures pourraient lui causer des enjeux de santé significatifs», a mentionné la juge Lyne Décarie mardi midi au palais de justice de Montréal.

La veille, la Couronne avait consenti à la requête en arrêt des procédures des avocats de Robert Miller, alléguant que les droits fondamentaux du fondateur de Futur Electronics seraient violés s’il devait subir un procès devant jury.

Le milliardaire de 81 ans ne serait pas en mesure d’y assister adéquatement en personne et sa vie pourrait même être mise en péril lors des transports au palais de justice, selon son avocate, M^e Isabella Teolis.

Cette décision n’équivaut ni à une condamnation ni à un acquittement.

«Les victimes ont été crues et leur détermination n’est certainement pas vaine. Si la tenue d’un procès avait été possible, nous demeurons convaincus que les témoignages et la preuve soutenaient définitivement une perspective raisonnable de condamnation», a souligné le procureur en chef du Bureau de Montréal, M^e Dominique Potvin.

Gravement malade

Robert Miller est actuellement au stade final de la maladie de Parkinson et souffre de problèmes cardiaques et respiratoires. Il est alité en permanence depuis 2022 et doit fréquemment recevoir de la médication.

L’octogénaire ne peut plus marcher, souffre d’incontinence urinaire, est en douleur constante et doit manger une diète molle. Il parle d’une voix faible et ne peut plus écrire.

Avant même le dépôt des accusations l’an dernier, les avocats de l’homme d’affaires prolifique avaient soulevé au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) leurs inquiétudes quant à l’état de santé de leur client, espérant ainsi qu’il s’en tire.

«N’ayant à l’époque qu’un portrait partiel et non contre-vérifié de l’état de santé de M. Miller, le DPCP a décidé d’aller de l’avant et de déposer des accusations», a précisé M^e Potvin.

Robert Miller faisait face à 24 chefs d’accusations sur 11 victimes, dont la plupart étaient mineures, entre 1994 et 2016.

Longue enquête

En 2008, le SPVM avait été alerté par des détectives privés mandatés par l’ex-conjointe de l’homme d’affaires qui a fait fortune dans la distribution de composantes électroniques. Les détectives avaient remarqué plusieurs jeunes filles à une adresse appartenant à Robert Miller et n’avaient eu d’autre choix que de dénoncer la situation aux autorités.

Aucune accusation n’avait toutefois été autorisée à l’époque par le DPCP.

«S’ils avaient pris ça un peu plus au sérieux il y a 20 ans, je pense qu’on aurait pu avoir des résultats bien différents. C’est difficile de l’accepter», a témoigné une plaignante à TVA Nouvelles.

L’enquête avait finalement été réactivée en 2023 à la suite d’un reportage d’Enquête, à Radio-Canada, qui levait le voile sur le recrutement allégué de jeunes femmes au profit de Robert Miller pendant plus de 20 ans.

Le milliardaire fait aussi l’objet d’une action collective qui pourrait lui coûter plus de 250M$. Celle-ci est toujours active malgré l’arrêt des procédures de ses dossiers criminels.

– Avec Yves Poirier, TVA Nouvelles