Et si Montréal échouait comme Toronto...

Jean-Charles Lajoie
Nous sommes en mai 2031. Le Canadien dresse son bilan de saison. La direction est gênée. Jeff Gorton et Kent Hughes se confondent en excuses ne sachant plus trop comment expliquer cet autre échec du Tricolore en séries. Alors que le CH performe en saison régulière, mené par un quatuor de leaders de talent, l’équipe peine à répondre aux attentes dans la vraie saison.
Nick Suzuki, Cole Caufield, Juraj Slafkovsky et Lane Hutson sont les meneurs du Bleu-Blanc-Rouge. Au printemps de 2025, ces quatre jeunes hommes ont surpris la face du hockey en conduisant le CH en séries contre toute attente. Même si le club est tombé rapidement en cinq matchs contre les Capitals de Washington, le niveau de confiance des partisans a néanmoins fait un bond de géant. Les «comeback kids» ont appris à perdre à la dure, ils sauront comment gagner par la suite.
Or, dans les faits, le CH est aussi tombé au premier tour du gros tournoi en 2026, 2027 et 2028. Chaque fois, alors qu’il avait été établi favori. En 2029, tous les espoirs étaient permis. La maturité du gardien Jacob Fowler et des autres jeunes joueurs devenus vétérans donne espoir de reconquête.
Le Canadien n’a plus peur des mots et des objectifs. Rayonnant au tournoi de golf de septembre 2028, le DG Hughes annonce en grande pompe croire son équipe dans la fenêtre d’opportunité à la Coupe Stanley. La ville prend instantanément feu. Le CH connaît une saison à hauteur des attentes, il entre en séries et se farcit l’ennemi juré de Toronto au premier tour. Cette série piège passée, ce jeune groupe de leaders qui a sévèrement appris à perdre goûtera enfin à une deuxième ronde, en route vers le carré d’as.
Sauf que les Glorieux vont s’enfarger dans les increvables Panthers de la Floride, qui vont leur infliger la fessée et les sortir en cinq. À la stupéfaction générale.
L’été 2029 sera difficile. La colère gronde et le public s’interroge sur la véritable valeur du groupe de leaders. Gorton et Hughes vont demeurer sourds au bruit extérieur. Ils réaffirment leur foi inébranlable en Martin St-Louis et ses ouailles. Le CH va de nouveau connaître une excellente saison régulière en 2029-2030.
Sauf qu’il va s’incliner en sept matchs dès le premier tour des séries contre les Bruins de Boston. Une déception amère qui ne passe pas.
Au constat, le Canadien a atteint le fond du baril. Celui qui ignore le principe fondamental du sport professionnel, gagner un championnat. Celui qui n’en a plus que pour les profits, s’accrochant à toutes excuses biaisées de type «la ligue est plus forte et plus équilibrée que jamais, elle compte 32 équipes, ce n’est pas simple de gagner».
Ça y est, Montréal, c’est Toronto.
La saison 2030-2031 permet à nouveau au Tricolore de performer à la hauteur des attentes. Les séries commencent et le CH a le vent dans les voiles. Il sort Ottawa le derrière par-dessus la tête au premier tour. La foule est en liesse, l’espoir est véritable.
Mais le Canadien va perdre en sept contre la Floride en deuxième ronde, encore. C’est la débandade totale... dont se sortira Kent Hughes en se réveillant en sueurs dans son lit après le pire des cauchemars.
Elle n’est pas belle la vie, dans le fond. Quand on se regarde, on se désole, quand on se compare, on se console.
Le Canadien peut voir l’avenir avec optimisme, c’est vrai. Mais rien ne garantit à ce superbe jeune groupe de joueurs talentueux une coupe Stanley au détour.