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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Les États-Unis coupés en deux du grand romancier Douglas Kennedy

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Photo portrait de Karine Vilder

Karine Vilder

2023-07-22T04:00:00Z
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Dans ce captivant roman, Douglas Kennedy s’est projeté dans le futur pour nous montrer ce qui attend peut-être les États-Unis. Glaçant.

Photo fournie par les Éditions Belfond
Photo fournie par les Éditions Belfond

 Pour parler de Et c’est ainsi que nous vivrons, le tout nouveau roman de Douglas Kennedy, il faut revenir en 2021. Soit quelques semaines après le coup d’État raté du 6 janvier, quand les partisans de Donald Trump ont pris le Capitole d’assaut afin d’empêcher le démocrate Joe Biden d’accéder à la présidence. 

« Je mangeais en terrasse — c’était toujours la pandémie — avec un ancien golden boy de Wall Street, et, à un moment, cet ami m’a dit qu’il en avait marre de tous ces voyous du Sud et du Midwest, explique Douglas Kennedy, joint le mois dernier à Paris. À cause du système électoral américain, ils ont la majorité et orientent le pays, surtout en ce qui concerne certains aspects intimes de la vie des gens, comme l’avortement ou le mariage homosexuel... Mais qui fait le plus d’argent et qui le contrôle ? Eh bien c’est nous à New York, et c’est aussi la Californie. Les deux côtes, quoi. Alors, pourquoi soutenir et subventionner ces voyous du Sud et du Midwest ? Peut-être que dans le futur, on va finir par assister à un genre de divorce... »

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Et c’est de cette façon que Et c’est ainsi que nous vivrons a tranquillement commencé à prendre forme dans l’esprit très fertile de Douglas Kennedy.

Totalitaires, mais totalement différents

Ce roman, son seizième, se déroule en 2045 et les États-Unis tels qu’on les connaît aujourd’hui n’existent plus. Une nouvelle guerre de Sécession y a fait rage, et, de ce fait, l’empire américain a été scindé en deux. D’un côté se dresse désormais la Confédération unie, une théocratie dirigée par des fondamentalistes chrétiens qui condamnent notamment le sexe hors mariage et l’homosexualité. De l’autre se tient la République unie, une « démocratie » où l’on peut faire à peu près tout ce qu’on veut, mais où l’on est constamment contrôlé et surveillé de près. Bref, deux pays très différents. Et qui, doit-on le préciser, se détestent férocement. 

« Pour moi, il était important de créer un cauchemar crédible, précise Douglas Kennedy. Ce n’est donc pas de la science-fiction, il n’y a ni vaisseaux spatiaux ni zombies. Je trouvais beaucoup plus intéressant de camper l’histoire dans un avenir rapproché et à mes yeux, 2045 était idéal : c’est à la fois 100 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et seulement dans 22 ans. Car il peut s’en passer, des choses, en 22 ans ! Il y a 22 ans, par exemple, j’envoyais encore mes textes par fax, il n’y avait pas le Wi-Fi partout, on n’était pas connectés comme on l’est maintenant. Au cours des 22 prochaines années, on peut supposer que les choses vont continuer à évoluer, alors j’ai pensé à cette puce. Une puce que tous les citoyens de la République unie seraient obligés de porter au détriment de leur vie privée. »

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Le côté obscur de la force

Samantha Stengel, 43 ans, vit à New York. Autrement dit, du côté puce. Implantée sous la peau, celle-ci capte tout et transmet tout : les conversations, les doutes, le taux d’alcool ou de nicotine, les fluctuations cardiaques, les déplacements, etc. En gros, le moindre état d’âme est analysé, catalogué et enregistré. Il faut donc être aussi coriace que Sam pour réussir à toujours cacher son jeu et appartenir au Bureau, l’agence fédérale de maintien de l’ordre de la République unie. 

Recrutée quelques années plus tôt, elle est l’une des agentes les plus efficaces de son service quand vient le temps d’effectuer des missions délicates. C’est d’ailleurs vers elle que son chef se tournera pour éliminer une dangereuse activiste appartenant au camp ennemi. Mais plus Sam en apprendra sur cette femme, plus la tâche lui semblera difficile...  

« Et c’est ainsi que nous vivrons est un page turner, mais aussi un roman qui pousse les gens à réfléchir sur la situation actuelle, souligne Douglas Kennedy. S’il y a un message derrière ce livre, il se résume en deux mots : “Faites attention”. Il faut lever les yeux de son portable et regarder ce qui se passe en ce moment dans le monde, parce que, honnêtement, on traverse une période spéciale qui est de plus en plus noire. »

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