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Est-ce que respirer du smog revient vraiment à fumer des cigarettes?

MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI
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Photo portrait de Gabriel  Ouimet

Gabriel Ouimet

2023-07-07T19:07:09Z
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Quand la qualité de l’air est mauvaise, comme c’est le cas récemment à cause des feux de forêt au Québec, le simple fait de respirer à l’extérieur équivaut-il vraiment à fumer des cigarettes? On a posé la question à une médecin.

Le 25 juin dernier, l’indice de la qualité de l’air (IQA) a atteint un pic de 239 à Montréal. Ce jour-là, la quantité de smog qui enveloppait la métropole en a fait la ville la plus polluée dans le monde. 

Plusieurs citoyens ont indiqué être essoufflés, avoir des douleurs thoraciques et la gorge irritée. Des symptômes normaux à un tel niveau de pollution, mentionne la présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement, la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers.

«Ce sont des symptômes bien documentés, parce qu’une exposition aiguë comme ça cause une irritation des différentes muqueuses, donc celles des yeux, du nez, de la gorge et des bronches», explique-t-elle. 

La fumée de cigarette irrite les muqueuses de manière semblable, ce qui fait en sorte que la comparaison avec le smog refait surface quand l’air est particulièrement pollué.  

Plusieurs cigarettes involontaires par jour?

Le ministère de l’Environnement du Québec parle d’un jour de smog aussitôt que la concentration de particules fines dans l’air est supérieure à 33 microgrammes par mètre cube pendant au moins 3 heures.

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En 2019, Berkley Earth, une organisation spécialisée dans l’analyse des données de température pour la science du climat, a publié un rapport affirmant l’exposition à une concentration de 22 microgrammes de particules fines par mètre carré pendant 24 heures équivaut à fumer une cigarette.

Des sites et des applications ont repris sur cette règle pour établir combien de cigarettes vous avez théoriquement fumées en fonction de votre exposition au smog.   

Selon l’application Sh*It !Ismoke, quelqu’un qui aurait été exposé à l’air extérieur vicié de Montréal pendant 7 heures le 25 juin dernier aurait fumé 2,5 cigarettes dans sa journée. 

Différence de composition et d’exposition

Comme c’est le cas pour la fumée de cigarette, l’exposition aux particules fines présentes dans la fumée des feux de forêt fait en sorte que nos alvéoles pulmonaires sont en contact avec des substances toxiques.

«Les deux [la fumée de cigarette et le smog] favorisent l’inflammation et après ça, ça se transporte dans le sang dans différents organes», souligne la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers.

On ne sait toutefois pas si le smog endommage les cellules du corps de la même façon que la fumée de cigarette. 

Tout d’abord, la composition chimique des deux fumés n’est pas exactement la même.

Ensuite, comme le degré d’exposition aux deux polluants est différent, il est encore difficile de les comparer efficacement, souligne la présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement.

«Le tabac, on en fume beaucoup par jour, pendant une longue période de temps, tandis que l’exposition à la fumée, elle est habituellement épisodique. Une journée ou deux, ensuite ça passe. On manque de données objectives sur l’implication à long terme d’une exposition épisodique, mais cumulée, à la fumée de feux de forêt», mentionne-t-elle. 

Une vulgarisation nécessaire

Pour toutes ces raisons, on ne peut pas simplement additionner les journées d’exposition au smog et faire la conversation en cigarettes pour espérer comprendre les effets de la pollution de l’air sur notre santé. 

Cette comparaison est toutefois intéressante, puisqu’elle peut permettre de sensibiliser la population aux effets de la pollution atmosphérique, mentionne la Dre Pétrin-Desrosiers. 

«Comme outil de vulgarisation, c’est intéressant, parce que les gens comprennent mieux les risques associés à la cigarette, tandis que l’indice de la qualité de l’air actuel, ça ne dit absolument rien à la plupart des gens», conclut-elle. 

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