Escalade de la violence en Haïti: le système de santé «proche de l'effondrement», alerte l'ONU

Agence France-Presse
Le système de santé d'Haïti est «proche de l'effondrement», a alerté jeudi le bureau de l'ONU pour les affaires humanitaires (OCHA) alors que le pays fait face à une escalade de la violence des gangs.
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«De nombreux établissements de santé sont fermés ou ont dû réduire drastiquement leurs opérations en raison d'une pénurie inquiétante de médicaments et de l'absence du personnel médical», a précisé OCHA, évoquant également des pénuries de sang, d'équipements médicaux ou de lits pour traiter les blessés par balles.

L'association Réseau National de Défense des droits de la personne en Haïti (RNDDH) a dénoncé l'inaction de l'État haïtien face à ces violences.
«Les autorités gouvernementales ont démissionné», écrit-elle dans un rapport daté de mercredi.
«Les rues de la capitale et de tout le département de l'Ouest sont livrées aux bandits armés. Et la population haïtienne est tout simplement abandonnée à son sort», ajoute l'association, qui déplore ainsi le fait que les policiers ont «abandonné les rues».

Parmi ses recommandations: «Tout mettre en œuvre en vue de reprendre le contrôle du territoire national dans son ensemble».
Pour cela, le Conseil de sécurité de l'ONU a donné en octobre son accord pour l'envoi d'une mission sécuritaire multinationale menée par le Kenya, qui veut dépêcher 1.000 policiers. Mais son déploiement est retardé par la justice kényane et un manque criant de financements. Aucune date n'est avancée pour l'arrivée de la mission.
L'ONG Médecins sans Frontières a publié jeudi une enquête sur la mortalité en Haïti depuis plus de 10 ans, qui «révèle des niveaux extrêmes de violence subie par les résidents du bidonville de Cité Soleil à Port-au-Prince», avec d'août 2022 à juillet 2023 «près de 41% des décès liés à la violence et un taux brut de mortalité de 0,63 décès pour 10 000 personnes par jour».
«MSF avait déjà observé des taux de mortalité semblables en 2017, dans les camps de Raqqa», ville syrienne, ancien fief du groupe État islamique, assure l'ONG, qui a annoncé mercredi renforcer sa présence à Port-au-Prince pour répondre à l'afflux de blessés.